ça m'a sauté aux yeux hier...
Nous étions dans un restaurant, sur une terrasse chauffée. Pour une fois, Brugnon était plutôt cool, il rigolait et courait de long en large en me laissant manger (et ça, c'est rare). Il courait après les petits oiseaux et jouait avec les serveurs. Je pouvais enfin me détendre.
Plus le temps passait et plus il prenait confiance et s'aventurait de plus en plus loin. Si loin qu'il s'est retrouvé près d'une marche énorme, j'ai crié "non !" et j'ai tapé un sprint devant tout le monde pour aller le récupérer. Avant qu'il tombe de cette marche, qu'il se fracasse le crâne, et qu'il meurt dans d'atroces souffrances sous mes yeux.
J'ai du recommencer une ou deux fois (mon fils est têtu).
Et puis à un moment, je payais l'addition, ne pouvant pas être partout, je n'ai pas pu accourir assez vite. Et j'ai vu mon fils, tomber, se fracasser le crâne et mourir dans d'atroces souffrances. Se tenir à une chaise, descendre une jambe prudemment, puis l'autre, et arriver en bas sans encombre. Il s'est retourné, il a remonté la marche à 4 pattes et il s'est relevé, tout fier de lui, en me regardant.
J'ai pris une grande claque dans la figure.
Il l'avait fait. Il avait réussi. Alors que moi je pensais qu'il allait échouer. Moi, sa mère, j'étais convaincue qu'il en était incapable, qu'il n'était pas assez grand, pas assez mûr, pas assez doué pour descendre une grande marche.
Je lui ai fait bravo et je l'ai laissé recommencer autant qu'il a voulu.
Mais je n'ai pas pu m'empêcher de culpabiliser. Je ne lui ai pas fait confiance. Ma peur aveugle de le perdre m'a fait douter. Je ne savais même pas qu'il pouvait faire les choses sans être un bourrin calmement, de manière réfléchie et prudente. J'aurais du l'accompagner, lui expliquer et le laisser découvrir.
Je dois me forcer. C'est dur pour moi. Me forcer à ne plus le couver. Me forcer à ne plus stresser dès qu'il n'est plus sous mes yeux. Me forcer à ne plus imaginer le pire, sans arrêt.
Je suis une maman poule.
Mais je me soigne.