jeudi 31 mars 2016

Ode à mes chaussettes de contention

Le moral est pas forcément au beau fixe en ce moment, les mauvaises nouvelles se multiplient, le temps est maussade et l'avenir proche me laisse franchement perplexe. 

Du coup je me suis dit que j'allais aborder un sujet ô combien passionnant et glamour : 

Les chaussettes de contention.


[Musique de film d'horreur dans ta tête]

Alors, dans mon esprit - comme dans le tiens j'imagine -  les chaussettes de contentions c'était des bas en mousse couleur chaire qui plissent sur les mollets poilus de mamies en tablier à fleur rose. Ou quelque chose d'approchant. 

J'entendais tout le monde dire que ça tenait chaud, que ça serrait, que c'était horrible. 

Et puis je n'avais jamais eu de raison d'en mettre, hormis la menace qui flottait au dessus de ma tête à cause des cas de varice qui se baladent dans ma famille. Mais pour moi, tout allait bien, merci. 

Du coup, quand ma gygy m'avait demandé d'en porter pendant ma grossesse, bah j'ai dit non. Et puis de toute façon, j'arrivais plus à voir mes pieds, alors mettre des bas... 

Et puis en fait, j'aurais peut être du ... 

ça c'est moi juste après mon accouchement...

Que tout le monde se rassure, je ne me suis pas transformée en Hulk, c'était juste de la rétention d'eau. 

Mais c'est vrai que depuis, j'ai pris une taille de pointure (41 fillette) et que trouver une paire de chaussures fermées - autre que des baskets - devenait mission impossible.

Du coup, pourquoi j'ai sauté le pas ? 

Bah, j'ai fait un stage en mater. 

Et en mater tu piétines. 

Toute la journée. 

En crocs. 

J'avais des courbatures partout. 

Et des fourmis dans les pieds. 

Tous les jours, l'impression que mes jambes pesaient 2 tonnes et des fourmis dans les pieds. 

Du coup mes collègues m'ont incité à parler avec une Sage Femme de l'équipe parce qu'elles portent TOUTES des chaussettes de contention.  

Ah bon, ça existe ça, des chaussettes de contention ? 


Bah oui, ya pas que des collants ou des bas qui serrent les cuisses, ya aussi des chaussettes, mais des hautes hein, sinon ça contentionne rien du tout ! 

Je me suis retrouvée à la pharmacie avec mon ordonnance, à vouloir planter mon poing dans les dents de la pharmacienne qui me demandait si mes pieds étaient toujours comme ça et si j'étais pas enceinte. 

Ensuite elle a voulu que je choisisse la texture et la couleur, me proposant un anthracite ou un pêche. Bon alors, comment te dire que j'ai une tenue qui ressemble à un pyjama blanc, alors la couleur... Du coup j'ai pris des chaussettes Sigvaris Opalis noires... pour se rapprocher au plus des vraies chaussettes quoi. 

ouhlala, c'est chaud, on voit mes genoux ! Maman, ferme les yeux, fais comme si t'avais rien vu ! 

Première impression elles sont super douces. C'est pas le vieux mi-bas (quoi, ta maman elle t'as jamais dit de porter des mi-bas ?) qui te laisse une trace sur le mollet et qui coupe la circulation hein. ça serre un peu, certes, mais sur toute la surface de la jambe et de manière douce et confortable. Comme quand on te fait un massage tu vois ? Un long massage qui dure toute la journée (je t'envoie du rêve hein ?)

Et puis c'est facile à enfiler. Moi qui déteste mettre des collants, je me voyais déjà suer sang et eau pour enfiler ces instruments de torture, mais non. Hyper simple. Des chaussettes quoi. Bon, faut juste se rappeler que ça monte sur les mollets, et que donc, faut les mettre AVANT le pantalon (ouais, je sais ça parait con, mais je t'assures que la première fois, tu te goures) (enfin, j'espère que ya pas que moi)

Et alors, du coup, après 3 semaines à les porter, ça donne quoi ? 

Purée, c'est le pied (ohlala, le jeu de mot !). Mes pieds m'aiment à nouveau. Plus de fourmis, des jambes légères comme jamais et - je ne sais pas si ça a un rapport - mais je me suis racheté deux paires de chaussures fermées ce week-end... à l'aise Breizh ! J'ai plus des pieds d'ours ! 

Alors si t'es enceinte ou si tu travailles debout toute la journée, surtout ne te prive pas, fonce ! 

Prix : une vingtaine d'Euros (34 dans ma pharmacie, dont 14 pris en charge par la sécurité sociale). 
Lavage à la main de préférence (mais ce soir je tente une machine) (wouhou folaïe !)

Et toi, t'en portes ? 


lundi 28 mars 2016

Le baptême adulte - La concrétisation

Voilà, après presque 2 ans d'aventure, de catéchisme et de cérémonies en tous genres, j'ai été baptisée samedi soir, à l'occasion de la veillée pascale. 

La messe se déroule comme suit : après avoir allumé un grand feu de joie à l'entrée de l'église et y avoir allumé le cierge pascal, toute l'assemblée se partage la flamme de cierge en cierge jusqu'à ce que toute l'église soit illuminée. 

Après différentes lectures et l'homélie, l'eau est bénie et nous nous avançons vers l'Autel pour recevoir le baptême. Nous quittons notre écharpe violette d'appelés. Nous acceptons le baptême, rejetons le Diable. Nous sommes aspergés d'eau  et notre marraine nous revêt de l'écharpe blanche du baptisé. Notre parrain (ou encore ma marraine, de mon côté) allume un cierge au cierge pascal et nous le confie.

En tant qu'adulte, nous sommes ensuite confirmés. L'ensemble des prêtres (oui, ils étaient 4 au total, rien que ça !) nous imposent les mains et nous fortifient dans notre foi. Nous sommes ensuite oins d'huile sacrée puis on nous revêt ensuite de l'écharpe rouge du confirmé par dessus la blanche. 

Enfin, nous avons droit de communier pour la première fois. Nous recevons l'eucharistie - le corps du Christ - et nous buvons au calice - le sang du Christ. 

Ce fut un moment intense dont je me souviendrai toute ma vie. La présence de mes parents, de ma famille, de mes accompagnateurs et amis qui m'ont soutenu pendant toute cette aventure, les prêtres avec qui j'ai partagé beaucoup de moments... Tout était parfait. 

Concrètement, est-ce que ça change vraiment quelque chose d'être baptisée ? 


Bah à première vu, oui, j'ai envie de te dire. Je suis animée d'une flamme nouvelle, purifiée et acceptée dans une nouvelle communauté. Je me suis réveillée le lendemain matin avec un feu de joie dans le bide et un sentiment d'apaisement profond. 

Tout ira bien maintenant. 

Je suis en paix avec moi-même. J'ai comblé une case vide depuis l'enfance. Même si j'ai charrié mes parents en leur disant que j'avais du "faire leur boulot à leur place", je ne leur en veut pas du tout. Bien au contraire. J'ai fait ce cheminement quand je me suis sentie prête, apte à comprendre tout ce qu'il impliquait et j'ai vécu de grands moments que peu de chrétiens vivent. J'ai eu un pincement au coeur en rencontrant certains catéchumènes qui vivaient tout cela pour des raisons pratiques de mariage notamment. J'ai trouvé ça triste. Moi j'ai vécu ces 2 ans intensément. Ce fut une grande introspection, parfois douloureuse, mais toujours instructive. Je regrette que ce soit terminé, même si je sais que tout cela n'est qu'un commencement dans ma nouvelle vie.

Pour conclure, si tu vis entre deux eaux, si tu ressens une gêne quand tu dois dire que tu n'as pas été baptisé, si tu te sens plus croyant que certains baptisés mais que le baptême adulte te fais peur... J'ai envie de te dire, tente le coup. Toutes les paroisses ne sont pas aussi tolérantes et ouvertes que la mienne. Mais j'ai vécu une expérience extraordinaire que je souhaite à tout le monde. Et aujourd'hui, plus qu'avant, je vais aller à la messe la tête haute, en ayant enfin l'impression que j'y ai toute ma place. 

Je suis là où je devais être. 

Je terminerai avec la phrase avec laquelle tout à commencé, celle qu'à prononcé un des prêtres de ma paroisse quand j'ai fait la préparation du baptême de Brugnon il y a 3 ans : 

"Même si tu n'es pas baptisée, Dieu te voit. Mais tu es dans une pièce sombre, cachée dans l'ombre. Le baptême, c'est comme allumer un projecteur pour guider le regard de Dieu sur toi. Il te verra mieux. Il te guidera mieux."

 

lundi 21 mars 2016

Le baptême adulte - Effetah, ouvre-toi !

Et voilà, nous y sommes, c'est ma dernière semaine en tant que non baptisée...  Cette aventure catéchuménale va se terminer, et ma nouvelle vie va commencer. 

Enfin. 

Déjà. 

Tant de choses parcourues, vécues. J'ai tellement appris sur moi, sur la vie catholique.. Je suis tellement à l'aise pendant les messes que j'ai l'impression d'être pratiquante depuis toujours. Et pourtant, il y a 3 ans encore, je n'avais jamais mis les pieds à l'Eglise pendant une célébration. 

Bref. 

Dimanche, après la messe des Rameaux, nous avions rendez-vous à l'Abbaye du Bec Hellouin, pour la cérémonie de l'Effetah

Cette cérémonie se déroule pendant les vêpres, auxquelles assistent les soeurs et les frères de l'abbaye. 

Je n'avais jamais assisté à des vêpres. 

C'est grandiose. 

Je me suis même demandé s'il y avait un concours genre ZeVoice pour entrer en couvent. Bon, faut aimer les chants liturgiques, mais franchement, les frères et les soeurs qui se relaient pour chanter des psaumes, c'est juste magique. 

C'est beau, c'est apaisant. Toute la célébration est tellement paisible. En dehors du monde, du temps. Comme si les frères et soeurs avaient toujours été là et qu'ils seraient toujours là, malgré le monde qui avance autour. Comme un point de repère pour s'ancrer, pour souffler. 

Il fut un temps où je me voyais bien noyer mon chagrin en devenant bonne soeur. Je pense de plus à plus à faire une retraite un jour. ça doit être drôlement apaisant. 

Bon, maintenant je t'explique ce que signifie "Effetah". Jésus a rencontré un sourd et muet qui lui a demandé de le sauver. Il lui a mis les doigts dans les oreilles en disant "Effetah" ce qui signifie "ouvre-toi". Et le sourd entendit. Jésus lui a touché la langue et il s'est mit à parler. 

Le Père Evêque et le Père Abbé reproduisent les mêmes gestes sur nous, nous demandant d'être à l'Ecoute et de proclamer la Parole de Jésus. 

Puis ils tracent une croix dans les paumes de nos mains avec l'huile des catéchumènes pour que nous recevions la bénédiction du Christ. 

Ensuite, nous devons proclamer le Symbole des Apôtres selon lequel nous reconnaissons croire en Dieu et en l'Eglise (pour faire court).

Et ça y est. 

J'ai l'impression d'avoir cheminé longtemps, en étant soutenue par l'équipe pastorale. Ils m'ont conduite inlassablement, retirant les cailloux de mon chemin, me relevant quand je trébuchais, me montrant le chemin. J'arrive maintenant à une porte, que je franchirais samedi. Et ils me laisseront cheminer seule. Pas parce qu'ils m'abandonnent. Mais parce que je suis assez forte pour continuer seule. Et assez forte pour prendre d'autres catéchumènes par la main pour les aider à mon tour. 

J'ai rencontré des gens formidables, des coeurs généreux et purs, qui m'ont accueilli avec bonté, sans jugement, sans animosité. Des gens qui donnent de leur temps, de leur personne, sans rien attendre en retour. 

Je ne regrette pas de ne pas avoir été baptisée dans mon enfance. Je vis une aventure merveilleuse qui restera gravée en moi à jamais. Je comprends parfaitement ce que cela signifie et ce qui m'est donné. 

Et c'est beau. 




dimanche 13 mars 2016

Baptême pour adulte - Les Scrutins

Je voulais attendre qu'ils soient tous terminés avant d'en parler, mais je vais être prise par le temps, j'ai beaucoup trop de choses prévues dans les prochaines semaines... 

Les scrutins sont au nombre de 3. Comme l'a dit la Soeur qui suit notre préparation au baptême "normalement il y a des scrutins avant une élection, dans le baptême l'élection a eu lieue avant les scrutins". 

En effet, après l'appel décisif, nous avons un scrutin par dimanche jusqu'au dimanche des rameaux qui signe la dernière semaine de préparation. Chaque vendredi, nous préparons les scrutins du dimanche avec une lecture de l'évangile. 

- Le premier, parlait de la Samaritaine et de l'Eau vive apportée par Jésus. Cette Eau qui nous abreuve mieux que l'eau terrestre et qui apaise notre soif à tout jamais. 
- Le deuxième, parlait de l'Aveugle qui retrouve la vue grâce à Jésus. La vue réelle et la vue de l'esprit. Même si certains sceptiques peuvent nous donner le doute. 
- Le troisième - celui d'aujourd'hui - parle de la résurrection de Lazare. Lazare, qui était mort et que Jésus à intimé de sortir de son Tombeau. 

Là où l'image est jolie, c'est que le prêtre nous a expliqué que nous étions comme Lazare. Nous répondons à l'Appel de Jésus et c'est la communauté chrétienne qui enlève les pierres de notre route et nous libèrent de nos liens. Cela m'a beaucoup touché. 

Revenons-en aux scrutins. Ils ont pour but de nous éloigner de la tentation et de nous faire tenir bon jusqu'au baptême. Pour cela, le prêtre pose ses mains sur notre tête et récite une prière d'exorcisme. 

Je rassure tout le monde, je ne me suis pas mise à vomir vert et ma tête n'a pas tourné à 360 degrés. 

C'était au contraire une sensation très forte, parce que le père qui nous suit est d'une force incroyable et quand il a posé ses mains sur ma tête j'ai eu l'impression que mes jambes s'enfonçaient dans le sol. C'était une manière de nous faire sentir que toute la communauté était derrière nous et qu'ils nous porteraient jusqu'à la fin, pour pas que nous lâchions prise. 

Vendredi, nous avons fait le point sur ce que la préparation au baptême avait changé pour nous. Honnêtement, je pensais que cette démarche était purement administrative. Il s'agissait pour moi de me remettre d'équerre par rapport à la religion. Sans que cela ne change ma vie pour autant.

Pourtant, ma vie a été toute bouleversée. J'ai été profondément touchée. J'avais déjà la foi, bien sûr, mais pas aussi forte qu'aujourd'hui. J'ai appris énormément de moi, de ma vie, de ce que je voulais pour l'avenir et pour celui de mon fils. Je pense être devenue quelqu'un de meilleur. J'arrive à trouver des réponses aux questions que je me pose. J'ai appris à faire confiance. Dans les décisions de Dieu et dans les miennes. J'ai murit. J'ai grandit. 

Je ne serai plus jamais la même. 





mercredi 9 mars 2016

Le Gros Chagrin



En ce moment mon Brugnon ne sait plus où il habite. Il change tout le temps d'avis, il demande tout et son contraire, et sa frustration est telle que ça fini systématiquement en crise. 

Ma patience est très limitée, surtout avec la fatigue des horaires d'hôpital. Ce soir comme tous les autres soirs, j'ai haussé le ton et nous avons viré à la crise diplomatique. Après l'habituelle réprimande, j'ai essayé de redevenir une mère convenable et de lui parler à voix égale, yeux dans les yeux, en lui expliquant que les dessins animés (oui, pas d'écran avant 3 ans, blablabla) c'était bien un temps, mais que maintenant c'était l'heure du bain. 

Et là je m'en suis pris plein la tronche. 


Alors que je lui proposais le câlin de la réconciliation, ses pleurs de frustration se sont mués en véritables sanglots. Ceux du vrai chagrin, du gamin qui en a plein sur la patate, ceux qui viennent du fond du coeur, ceux qui te retournent le bide. Ceux pour lesquels tu donnerais n'importe quoi pour qu'ils s'arrêtent.

Ce n'était pas seulement la frustration de ne pas avoir ce qu'il voulait. J'avais l'impression qu'il me hurlait à la figure que la vie était injuste. Qu'il ne méritait pas ce qui lui arrivait. Que nous - que je - lui faisais vivre des choses injustes. 

J'ai passé un temps infini à le consoler, à l'apaiser, à lui rappeler que je serais toujours là et que je l'aimais. J'ai chanté la première chanson douce qui m'est venue, celle que je chante depuis qu'il est dans mon ventre. Peu à peu, il s'est calmé, et comme tous les enfants, il est passé à autre chose. 

Et nous avons passé une des soirées les plus calmes de notre histoire. Nous avons plaisanté, rigolé, partagé de grands moments de complicité. Il a tout mangé sans rechigner, il n'a plus opposé aucune résistance, ou juste histoire de. 

Je me suis sentie la pire mère du monde. 


Mais ce soir, j'ai trouvé les mots qu'il fallait. 

Pour un temps, du moins. 

Je mène tellement de choses de front que j'ai l'impression que je n'ai pas assez de temps pour réfléchir à ce qu'il se passe dans la tête de mon fils. J'espère juste qu'un jour il comprendra que mes actes ne sont pas purement égoïstes. Que je prends mes décisions pour lui autant que pour moi. Que je ferais tout pour lui offrir un avenir radieux avec une maman bien dans ses bottes et fière de la vie qu'elle mène. 


jeudi 3 mars 2016

Aurevoir Normandie




(je te conseille de lire cet article avec cette chanson, parce que j'ai l'âme mélancolique en ce moment, et c'est en l'écoutant que j'ai eu envie d'écrire cet article)


Chère Normandie, 

Tu sais, depuis quelques temps ma vie est toute bouleversée, et malheureusement, les décisions que j'ai prises te concernent toi aussi, bien que tu n'ai rien demandé. 

Il y a 6 ans, quand j'ai débarqué chez toi, j'étais toujours la fille de la "région parisienne". Et j'avoue, je n'ai jamais aimé ça. J'aurais voulu avoir une vraie origine, une vraie région, une vraie culture. Assimilée parisienne par les provinciaux et "banlieusarde" par les parisiens, je n'étais pas fière de dire d'où je venais.

En venant chez toi, sur un coup de tête (un peu comme toute ma vie) je ne me doutais pas de ce que tu allais m'offrir. 

J'ai vécu chez toi les plus belles années de ma vie. 


Il m'a fallu 6 années pour me sentir vraiment normande. 6 ans pour connaître tous les noms de patelins du coin.. J'ai fait des kilomètres, je connais toutes tes routes, j'ai des souvenirs partout.

6 ans pour mettre Paris derrière moi, j'angoisse même à l'idée de prendre de le train ou de me retrouver dans les bouchons ! 

J'étais tellement fière. Tellement fière d'accoucher en Normandie. Tellement fière quand ma carte d'identité a été refaite et que je suis devenue officiellement Normande. Tellement fière que mon fils connaisse mieux les vaches que les bus, mieux les tracteurs que le RER. 

Et j'étais fière de vivre sur cette terre d'histoire, l'invasion des anglais, le débarquement des GI's, toute cette richesse dans ta culture... 

Grâce à toi, j'avais l'impression de vivre presque en touchant la Bretagne (bah quoi, ça touche, on est voisins même !)

Auprès de toi, je me suis révélée à moi même. 


J'ai découvert que j'étais une campagnarde, enfouie sous des années d'urbanisation.

Ta mer, tes pommiers, tes maisons à colombage, ta vie si paisible... Et ton ciel, bordel. Ton ciel immense, qu'on peut voir à 360 degrés quand on passe au milieu des champs. Ton ciel changeant, plein de couleurs, plein de nuages. 

Qu'est-ce que je l'aime ce ciel.

Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fout les boules de retourner dans une ville, en région parisienne. Je vais étouffer dans un appart miteux, avec vue sur un mur gris, au milieu de la foule oppressante. 

Tu vas tellement me manquer. Je commençais même à dire "heula !" tu sais ? 

Mais voilà, c'est une des concessions que je dois faire, pour retrouver ma liberté, mon indépendance, me retrouver moi-même. Je n'ai pas le choix.

Mais je ne serais pas une voiture de plus sur l'A13 le vendredi soir. 

Non, moi je viendrais te voir, en catimini, par les routes de campagne que je connais si bien. Je viendrais comme une vieille amie, comme une VIP, je sais que tu voudras bien me donner ce privilège. 

En attendant, je vais savourer ces derniers mois près de toi, engranger sous mes paupières toutes les images. Renifler l'odeur du foin. Me repaître du spectacle des vaches et de leurs veaux tous neufs. 

Je serais fière d'être Normande, jusqu'au bout. 

C'est un aurevoir Normandie, ce n'est pas un Adieu.

Good Night and Joy be to you all.