jeudi 22 mars 2018

Remonter en selle

C'est ce qu'on dit toujours tu sais "quand on tombe de cheval, il faut remonter en selle tout de suite, sinon on n'ose plus après". 

J'ai toujours suivi cet adage avec la conduite. J'ai déjà eu des accrochages, assisté à un accident terrifiant il y a 5 ans maintenant, qui m'a marqué à tout jamais, mais je suis toujours retournée derrière mon volant. Plus ou moins facilement, c'est vrai. 

J'adore conduire. Depuis 8 ans que j'ai mon permis, j'ai du accumuler à peu près 200 000 kilomètres parcourus un peu partout. A la campagne, à la ville, sous la pluie, sous la neige, de la Bretagne à la Moselle en passant par les routes défoncées de Belgique... J'ai dormi dedans, j'ai donné des biberons dedans... j'ai même failli accoucher dedans parce que - contrairement à ce que j'entends souvent sur les femmes enceintes - je n'étais jamais aussi bien que dans ma voiture. 

Mes voitures ont toujours un petit nom et elles font partie de moi, on vit des trucs ensembles, on à de vraies relations et quand je déprime, je prends ma voiture, je pars à l'aveugle en chantant à plein poumons et généralement ça va mieux après. 

Et puis il y a 3 semaines environ, j'ai eu un accrochage. Et de ma faute pour une fois (oui, ne va pas croire, je ne suis pas si nulle que ça). 

J'étais juste au bout de ma rue, arrêtée à un stop. J'ai regardé à gauche, j'ai regardé à droite, une fois, deux fois... un nouveau coup d'oeil à droite et je me suis avancée. Sauf que là, sur ma gauche, sortie de nulle part, j'ai vu une petite moto arriver, et je n'ai rien pu faire à part freiner et attendre le "boum". J'ai vu le gamin disparaître de mon champ de vision et je me suis dit qu'il était mort. J'ai cru que je l'avais tué. 

Je ne me souviens pas trop de ce que j'ai dit, ça devait juste ressembler à un "putain !", je me souviens de mes mains tremblantes quand j'ai coupé le contact et de ce que je m'attendais à voir. Merde, je suis secouriste AFGSU, à deux pas de l'hôpital, et je vais devoir secourir un mec que j'ai moi-même tué. 

En fait non, il allait bien. Il s'est relevé, il m'a dit que ça n'était pas grave, que ça arrivait, qu'il n'avait pas su géré son freinage. J'aurais presque préféré qu'il m'engueule, parce que je me sentais vraiment coupable. Il m'a dit qu'il avait juste mal aux tibias parce qu'il avait tapé le guidon. 

Bordel, il a tapé le guidon avec ses jambes ! 

J'étais dans un état pas possible. J'ai bien sûr fait une insomnie (méthode Prune en action) en pensant au fait que j'avais failli le tuer, que ça se trouve il avait un hématome sous-dural sous son casque et qu'il allait mourir dans son sommeil (parano power !), à sa moto tordue, à mon rétro mort alors qu'il venait d'être changé et au malus que j'allais me prendre en pleine poire, juste quand j'avais réussi à faire baisser mon assurance. Mais il était vivant, bordel. 

Et le pire dans tout ça, c'est que je n'ai pas pu reprendre la voiture après. Parce que Simone témoignait des signes de fatigue et qu'il a fallu que je la fasse immobiliser pendant 3 semaines. 

Elle a fait peau neuve, mais quand je l'ai récupérée ce matin, j'ai demandé au Barbu d'être avec moi. Parce que je dois toujours passer par ma rue, j'ai pas le choix, et c'était la première fois que je devais reprendre ce stop. 

Je ne te raconte même pas ma nervosité, ni le soupir que j'ai poussé quand j'ai avancé et qu'il ne s'est rien passé. 

J'avais l'impression de ne plus connaître ma voiture, je ne trouvais plus le point de patinage, je n'anticipais plus ses réactions, j'avais peur de ne pas gérer son gabarit... j'étais vraiment terrifiée

Mais quand on est sorti de la ville, je me suis lancée sur les routes de campagne plus vite qu'elle n'était allée depuis longtemps (en respectant les limitations hein, faut pas déconner) et j'ai pu doubler quelqu'un dans une côte. Si, je te jure. 

C'était tellement kiffant que je hurlais comme une malade dans ma bagnole avec un sourire niais sur le visage, ce qui a fait levé les yeux au ciel au Barbu environ un million de fois. 

L'angoisse est toujours là, elle le sera toujours. Ne serait-ce que lorsque ce mec a doublé sur une ligne blanche et qu'il a failli me rentrer en pleine tronche. 

Cette voiture est un gouffre, je ne préfère même pas imaginer la quantité d'argent qu'elle me coûte tous les ans, parce que ça doit s'approcher du PIB d'un pays quelconque. 

Mais bordel, j'aime toujours conduire, et j'aime toujours ma voiture. 

On the road again, avec Simone. 


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