ça fait un moment que je veux écrire cet article mais je n'y arrives pas.
Je la refuse, je l'éloigne de mes pensées, je la réfute cette échéance. Comme si elle n'existait pas, comme si j'allais continuer à te voir grandir chaque jour, à partager chacun de tes rires, de tes sourires, de tes pleurs aussi...
Ta petite moue étonnée quand tu découvre les nouvelles saveurs de la diversification, tes petites mains qui frottent tes yeux quand tu fatigue, tes petits "guuuuuuuuuuuu" pleins de baves quand tu es heureux... Nos sorties tous les deux, tous les trois, tes monologues dans la voiture...
Pourtant, parfois, quand tu es enfin couché et que j'ai un peu de temps pour moi, je me prend une claque en pleine figure.
Comment vais-je faire ?
Comment vais-je faire le mois prochain pour te confier tout un week end à tes grands-parents ?
Comment vais-je faire, dans deux mois, pour te remettre entre les mains d'une presque inconnue ?
Comment vais-je réussir à monter dans ce train, rejoindre la capitale et passer une journée de travail comme si de rien n'était en sachant que tu es là-bas, loin de moi ?
Je sais déjà que ça me fera mal, comme si on m'arrachait le coeur encore chaud dans ma poitrine.
Je sais qu'à 8h je me dirais "tiens, il doit faire sa petite sieste". Je penserai à l'heure des biberons, je me demanderai si tu as mangé correctement à midi, si tu joue bien...
Est-ce qu'elle te laissera pleurer quand moi je ne le supportes pas ? Est-ce qu'elle te mettra au lit pour la sieste alors qu'avec moi en général tu t'endors dans le transat ou dans mes bras après le biberon ? Quelles nouvelles habitudes prendras-tu avec elle ? Ton caractère changera-t-il ?
Est-ce que tu m'aimeras toujours ?
Est-ce que tu m'aimeras toujours en me voyant qu'une petite heure le matin ?
Est-ce que tu m'aimeras toujours alors que je rentrerais juste à temps pour te mettre au lit ?
Est-ce que tu m'aimeras toujours alors que je ne serais plus la personne avec qui tu passes le plus de temps ?
Serons-nous toujours aussi complices qu'aujourd'hui ?
Attends, laisse, ne me dis rien, je ne veux pas de réponse à ces questions, ça fait trop mal, ça fait trop peur.
Je sais que j'ai déjà beaucoup de chance de profiter de toi comme ça.
Ces deux derniers mois, je vais les savourer comme jamais.
Parce que je t'aime du plus profond de mon être et parce que ça me bouffe de si peu te voir. Je n'ai pas de solution, je ne sais pas quoi faire... J'ai négocié mes horaires comme une folle pour grapiller des minutes, quitte à ne plus prendre des pauses déjeuner, mais rien ne peut diminuer les 4h de transports que je dois faire pour travailler. Le changement va être si brutal...
Je sais que l'année 2014 va commencer dans les larmes pour moi.
Mais pour l'instant, mon petit, mon tout petit,
Tu n'es qu'à moi...