lundi 30 mai 2016

Je l'ai fait

Voilà. 

Je l'ai fait. 

Il y a 2 ans, peu de temps après avoir repris le boulot après mon congé parental, je me suis rendue compte que ce travail n'était plus fait pour moi. Enfin, en vrai, il ne l'avait jamais été, sauf que là, je ne le supportais plus. Sûrement parce que je mesurais davantage ce que je ratais en passant mes journées au boulot. 

La balance penchait clairement du mauvais côté, jusqu'au jour où j'ai entendu le petit "cling" dans ma tête. Ce petit bruit de la balance heurtant la table a raisonné dans ma tête et j'ai ouvert les yeux. C'était fini. Si j'avais pu ne pas mettre les pieds au bureau dès le lendemain, je l'aurais fait. 

Le problème c'est qu'à 18 ans, je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire, et surtout de ce pour quoi j'étais douée. Est-ce qu'à presque 30 ans j'allais mieux m'en sortir ? Changer de voie, oui, mais pour où ? 

Bref. Me voilà. 2 ans plus tard. 

J'ai passé mon concours, j'ai eu une des 16 places sur 400 candidats. J'ai étudié, j'ai travaillé en stage. J'ai découvert le monde médical, celui de l'hôpital. Je me suis fait des frayeurs, j'ai appris à relativiser, à faire preuve d'humilité et à croire en moi. 

J'ai eu l'impression de me noyer, de ne pas y arriver. J'ai eu envie d'arrêter. 

Mais je suis têtue. J'avais pas fait tout ça pour m'arrêter en cours de route. Je n'avais pas envie de passer pour une faible et surtout, SURTOUT, pas envie de me retrouver à nouveau derrière un bureau. Plus JAMAIS. 

J'ai validé tous mes modules les uns après les autres. Avec une moyenne de 16/20. Sans fausse modestie, j'en suis fière. Mon travail a payé. Car oui, papa, maman, j'ai travaillé. Ce n'est pas mon BTS d'Assistante Trilingue qui m'a appris l'anatomie et la physiologie. 

D'autant plus que je gère une séparation, un gamin de 3 ans et un déménagement dans le même temps. 

Alors je trouve que franchement, je ne m'en sors pas trop mal. 

Même si j'ai toujours l'impression que le monde tourne et que je cours derrière pour essayer de le rattraper. 

Je suis fière de moi (je l'ai dit ou pas ?).

Fière que la petite assistante de direction qui n'avait aucune expérience médicale soit aujourd'hui considérée comme une des meilleures élèves de sa promotion. Fière qu'on m'ait recommandé de pousser plus loin et de devenir infirmière (qui sait, quand j'en aurais assez du confort, je me relancerai peut être dans l'aventure). 

Je suis surtout très très fière d'avoir enfin trouvé ma voie. Fière de faire un métier que j'aime, d'aller au travail avec enthousiasme, de rentrer crevée mais sans jamais être déçue de ma journée, en ayant eu l'impression de servir à quelque chose, à quelqu'un, d'être utile. De m'abreuver de sourires et d'humanité. 

Il y a deux ans je désespérais de pouvoir dire ça un jour. 

J'aime mon travail. 


Maintenant il me reste 1 mois de stage en crèche pour valider mon diplôme. Je vais pouvoir en profiter pleinement, sans me mettre un stress inutile, en ayant du temps pour récupérer le soir. 

Je suis une blouse blanche, je vais le rester et j'en suis fière. 

Je suis Auxiliaire de Puériculture





samedi 14 mai 2016

Rencontre avec le polyhandicap

Dans le cadre de ma formation, je suis amenée à faire un stage dans un établissement qui accueille des enfants polyhandicapés. Je n'étais pas obligée d'accepter, mais j'en ai fait la demande. Je voulais voir de tout et je ne voulais pas partir sur des a priori pour faire mon jugement. 

Le polyhandicap, en gros, c'est lorsqu'un (ou plusieurs) handicap moteur se cumule avec un (ou plusieurs) handicap mental. Les enfants polyhandicapés sont généralement totalement dépendants, avec de gros déficits moteurs et un retard mental plus ou moins prononcé. 

J'avoue que je n'ai pas fait ma fière en y allant. Je savais que ça allait être un stage difficile, éprouvant physiquement et moralement. 

Quand je suis arrivée, un concert était organisé pour les enfants. Et le charme a fait effet. Et je ne parle pas de la musique. J'ai croisé des regards, j'ai surpris des rires. J'ai presque versé une larme. Pas de peur. Pas de tristesse. Mais d'émotion. 

Parce qu'il se dégageait plein de vie de tous ces enfants. Ils communiquaient tellement d'amour, de bonheur, que c'en était presque douloureux. 

Ils ont une force. Vous ne pouvez même pas l'imaginer. 

Ils n'ont rien. 

Mais ils ont tout. 

Leur sourire, c'est du bonheur à l'état pur. 

C'est une âme qui apparaît à la surface. 

Ils ont une telle force de vie qu'ils sont capable de repousser les limites de la science, de faire mentir la médecine, juste pour rester avec nous. 

Humainement, on se prend une grande claque dans la tronche.

Ils sont innocents. 

Ils sont géniaux. 

J'apprends énormément auprès d'eux, pour ma formation, bien sûr, et humainement aussi. 

J'apprends à relativiser, à savourer. 

Je ris avec eux. 

Je chante avec eux. 

Je fais le plein de vie, avec eux. 

Alors si je dois vous donner un conseil. Ne vous arrêtez pas aux apparences. Oui, leur corps a subit des malformations. Oui ils ont un visage qui a souffert. Oui, parfois ils bavent, ils poussent des cris. Mais prenez le temps. Cherchez leur regard. 

Vous avez tellement à apprendre d'eux. 

Nous avons tous à apprendre d'eux.