vendredi 18 janvier 2019

Urban silence

Cela fait déjà plus d'un an que je vis ici, au milieu de cette immense ville, moi qui ai passé 10 années de ma vie en plein coeur de la campagne ou dans de petites villes de province. 

Je m'y suis faite. 

A la circulation, aux gens qui font n'importe quoi et sans prévenir, aux bus qui se prennent pour les rois du monde, aux conducteurs qui se garent n'importe où - que ça gène ou pas - à devoir manoeuvrer pour éviter les camions de livraison, aux cyclistes, aux piétons... 

Je me suis résignée à mettre presque autant de temps en voiture ou en bus qu'à pied, à faire trois fois le tour du quartier pour faire juste une petite course parce que je ne trouve pas à garer, aux petites rues à sens unique, au manque de visibilité, à freiner en urgence à tout moment. Je me suis habituée à quitter la ville pour faire mes courses parce que c'est plus pratique.

Mais je me suis aussi habituée à tout avoir sur place, à pouvoir me faire livrer quelle que soit l'heure (ou presque), à ne plus m'inquiéter de la neige, du verglas, des gilets jaunes, des grèves... puisque je peux tout faire à pied (même si c'est compliqué). Mon fils fait au moins 4 sorties par mois dans plein de musées, expositions, théâtre, cinéma, conservatoire, opéra et c'est presque toujours gratuit. C'est une chance pour lui. 

Mais il y a une chose à laquelle je ne m'habitue pas, c'est le bruit. 

Je vis à l'entrée d'une voie rapide et, malgré les doubles vitrages, il y a toujours du bruit. Que ce soient les voisins, les fêtes, les portes qui claquent, les sirènes de pompiers, des ambulances ou du SAMU, les hélicoptères - plusieurs fois par jour ou par nuit - les klaxons, les motos... à la maison ce n'est jamais silencieux. 

Cela ne me dérange pas, j'aime vivre dans le bruit, la musique et la télévision, pour m'empêcher de penser. 

Mais en journée cela continue, les bruits de la ville occultant presque entièrement ceux de la vie. Je n'entends plus le vent, les oiseaux, la nature. 

Je ne sens pas l'odeur du printemps qui se réveille ou de l'hiver dur et sec. Je ne sens presque plus l'odeur de la pluie et de la terre mouillée. Je ne sens plus l'odeur du colza ou du blé et je n'éternue plus au moment des moissons. Je ne croise plus de tracteurs ni de moissonneuses batteuses, je ne vis plus au rythme des saisons. 

Mon regard ne peut plus s'échapper jusqu'à la ligne d'horizon, sans cesse arrêté par les immeubles et les monuments, le gris du ciel ou la lumière artificielle.

Petit à petit, mes sens sont occultés par la ville, engloutis dans son ronronnement intense. 

Cela fait des lustres que je n'ai pas pu m'échapper, à cause de la vie, de problèmes de voiture et du manque de temps. 

Mais, comme tous ces urbains qui se jettent sur l'autoroute dès le vendredi soir, je comprends ce besoin d'évasion.

Malgré mon enfance en banlieue, je suis une fille de la terre et de la mer. J'ai besoin de liberté... et de silence.