jeudi 31 décembre 2015

La Prune a testé pour toi - Une nuit en yourte

Bonjour toi ! 

ça fait super longtemps, je sais, je sais, mais je peine à trouver du temps et mon cerveau est tellement embrumé par les études qu'il n'a guère le temps de penser à des idées d'articles. 

Mais là, pour le coup, j'en avais une toute prête. 

Cette année, Pruneau a passé la quarantaine. Alors bon, ya 10 ans, je lui avais promis que je lui offrirais une Mustang pour ses 40 ans. Sauf qu'il y a 10 ans, j'étais sûre que je serais riche quand j'aurais 30 ans (giga lol) et que je n'avais pas prévu que mes beaux-parents ne me parleraient pas. Bref. La Mustang, concrètement, j'ai pas pu. Deuxième idée, un baptême d'ULM. Et pis en fait, j'ai découvert que les ULM étaient discriminants envers les gros judoka-rugbyman et que c'était faisable ni pour Pruneau ni pour moi. Raté. 

Alors j'ai pris une WonderBox "week-end insolite" et j'ai cherché un lieu sympa, pas trop loin de chez nous, où on puisse passer un week-en en amoureux (il est d'ailleurs à noter que Pruneau m'a demandé si on emmenait Brugnon lors de notre week-end en amoureux) (giga lol). 

Et là j'ai trouvé une super idée. Une yourte !!! Mon Pruneau qui a toujours voulu aller dans les steppes Mongoles, autant faire venir les steppes Mongoles à lui !!! 

Et puis une fois que j'ai eu tout bien réservé, ma mère a fait une réflexion tout à fait intéressante : 

"en yourte ? un 19 décembre ?"

Ah ouais. Pas faux. 

C'est là que j'ai réalisé. 

Moi. En yourte. 

Moi qui déteste faire du camping. 

Moi qui préfère frôler l'occlusion intestinale que de faire popo ailleurs que chez moi. 

Moi qui meurt de froid quand il fait moins de 25 dégrés à la maison. 

MOI. EN. YOURTE. 

Faut-il que je l'aime cet homme.

Et en plus il m'a fait promettre qu'on n'irait voir aucune de mes copines pendant le we. Traumatisé des rencontres entre blogueuses. Même pas juste. 

Nous voilà donc devant la yourte, près de la mer, juste avant Cancale (oui, je l'ai prise en Bretagne, la yourte, faut pas déconner, non plus).

Et là, en fait il était mort de rire. Déjà parce qu'il était content. Ensuite parce qu'il se foutait copieusement de ma gueule devant le bloc sanitaire au fond du camp, l'aspect rudimentaire de la yourte, le lit à faire soi-même et la couette humide.

Moque toi, moque toi, en attendant j'avais prévu le coup, pyjama long en moumoute rose, bien tue l'amour mais surtout bien CHAUD.

Na !

Je te passe la journée en amoureux, le monstrueux plateau de fruits de mer qu'on s'est enfilé, les balades sur la plage, l'impression de rajeunir de 10 ans, le shopping à St Malo...

De retour à la yourte, notre hôte avait préparé un panier repas pour le soir : Coquilles st Jacques à la Bretonne, pâté de canard, pain frais, beurre salé, crêpes (confiture et caramel beurre salé) et far breton.

On allume le petit chauffage au fioul et j'enfile ma tenue de cosmonaute en priant pour ne pas avoir froid. Et là, vers 22h30, j'ai une envie de pipi. Après avoir étudié toutes les alternatives - comme faire pipi dans une bassine ou dans les buissons derrière la yourte - mon âme de bourgeoise a déclaré que non, décidément, c'était pas possible. Et j'ai traversé le camp armée de la lumière de mon iphone (bénit soit-il) et de mon pull en moumoute rose.

Finalement, je reviens entière, et je découvre un truc fabuleux. Il fait CHAUD dans la yourte. HYPER chaud même. Et pourtant le chauffage a été baissé à 16 degrés. Le mec avait raison, le poil de yack, ça sent la chèvre (ou le yack), mais ça isole.

Et au final, tu veux savoir ? J'ai passé la meilleure nuit depuis au moins 3 ans (depuis que je suis maman, en fait), sans réveil, sans avoir froid, sans enfant qui hurle, sans bruit extérieur... le kiffe absolu. Et le lendemain matin, il faisait toujours chaud dans la yourte. On a pris un super petit déjeuner (dans le panier il y avait du café, du lait, du jus d'orange, du pain, du beurre salé et du far breton) et on a eu vraiment du mal à partir.

Bon par contre, j'ai pas pris de douche. Faut pas exagérer quand même.

Voilà, donc j'avais des préjugés, mais en vrai, la yourte, c'est super.

Vas en yourte ! (mais baisse bien la tête quand tu rentre, parce que c'est bas et que ça fait mal) (je dis ça, je dis rien)

Pour info, notre super camping c'était là 












mardi 8 décembre 2015

Le mauvais gène

"Tu sais, il ne mâche pas bien".

Une toute petite phrase, bénigne, glissée comme ça, après un repas. Juste pour dire que mon Brugnon, mon glouton, a tendance à avaler tout rond.

"Il ne mâche pas bien"

Le couperet est tombé. Ma mère m'a lancé un regard lourd de sous-entendus et j'ai tout de suite compris.

On le savait, on s'en doutait, on se posait la question. Depuis ma grossesse, d'ailleurs.

Allait-il avoir mes dents ?

Évidemment, c'est trop tôt pour le dire. On ne peut rien affirmer. Il n'a que 2 ans et demi, il n'aura pas ses molaires avant 6 ans... et tant qu'il n'a pas de dents définitives on peut difficilement juger.

Oui mais voilà.

Il ne mâche pas bien.

Il ne mâche pas bien, comme moi quand j'étais enfant, pour la simple et bonne raison que, quand il n'y a que deux dents sur toute la mâchoire qui se touchent, mâcher est très compliqué.

Il ne croque pas.

Ou alors, par les molaires, jamais par les incisives. Comme moi quand j'étais enfant. Parce que, lorsque les dents de devant ne se touchent pas, on n'a pas la force nécessaire pour mordre (j'ai donc croqué mon premier sandwich avec les incisives à 20 ans, et la pomme - comme dans la pub oral-B - j'ose toujours pas).

Il ne sourit pas. 

Ou du moins, pas "des dents". Comme moi quand j'étais enfant. Parce que la béance donne toujours aux sourires l'impression d'avoir la bouche ouverte et qu'on ne sait jamais bien, en fin de compte, si c'est vraiment un sourire (d'où les sourires forcés sur les photos depuis 10 ans... j'ai du retard à rattraper). 

Il dort la bouche ouverte.

Comme moi quand j'étais enfant (et encore aujourd'hui d'ailleurs). Parce que ma mâchoire ne reste pas fixe. Parce que garder la bouche fermée nous demande un effort supplémentaire. 

Il a la langue toujours dehors.

Pour prononcer les "s", les "f"... Comme moi quand j'étais enfant. A cause de la béance entre les incisives qui ne fait pas barrage. D'où un léger défaut de prononciation, pas encore très sûr pour Brugnon (vu que tout est à peu près un défaut de prononciation à son âge). 

ça commence à faire beaucoup... 

"il ne mâche pas bien".

Il a suffit d'un rien. Pour que je m'interroge, que je m'inquiète, que je culpabilise. J'ai l'impression d'avoir encore raté quelque chose. D'avoir transmis à mon fils ce flutain de gène de la mâchoire pourrie, quand j'aurais voulu lui transmettre des choses tellement plus sympa.

Et surtout, je ne sais pas à qui en parler. J'ai vu défiler tant de professionnels avant de trouver ceux qui m'ont crus, ceux qui n'ont pas fait preuve d'arrogance, ceux qui ont accepté de se remettre en question pour trouver enfin une solution, ceux qui ont fait passé mes besoins avant leurs convictions. J'ai peur qu'on ne me croit pas. J'ai peur qu'on ne m'écoute pas. 

J'ai peur qu'on soigne mal mon enfant. 

(un comble, pour une nana qui se destine à bosser dans l'hospitalier).

Je l'ai vécu, je sais à quoi m'en tenir. 

Je me battrais pour qu'il souffre moins. Pour qu'on ne tâtonne pas. Pour qu'on ne le culpabilise pas. 

On a un gêne pourri. 

C'est pas notre faute.