mardi 30 septembre 2014

Cookie Pailleté

Je ne réalise encore pas bien.

Je suis rentrée comme tous les soirs, juste un peu plus tard, un peu plus chargée que d'habitude.

J'ai dit au revoir à tout le monde, j'ai claqué des bises, j'ai dit à bientôt. 

J'ai laissé derrière moi un bureau vide, 7 années d'archives et ce foutu inventaire qui me sort pas les trous de nez (le premier qui me parle de Golf, je l'écorche).

Ce soir, avant de le mettre au lit, j'ai dit à mon fils de faire une bonne nuit et de se réveiller quand il en aurait envie demain matin. Je lui ai dit qu'on allait prendre notre temps.

Mais je ne réalise pas bien. 

Courir le matin, c'est fini. Terminer mon café en disant à mon cerveau de se désembuer rapidement parce qu'on doit être partis dans une demi-heure que je suis pas lavée, pas habillée et que le sac du petit n'est pas près. Me plaindre sur facebook que je suis en retard et oublier forcément quelque chose en dernière minute. Arriver à la voiture en étant déjà en nage, c'est fini. 

Répéter si souvent "on y va" que c'est l'une des seules phrases que mon fils sait répéter, c'est fini. 

Les bouchons de l'A13, les chansons hurlées pour éviter de craquer, les problèmes de RER et les yeux rivés sur la montre, c'est fini.

L'envie de retourner se coucher avant même d'être arrivée au boulot, c'est fini. 

Les we passés à courir pour faire les courses et le ménage, c'est fini.

Les valises sous les yeux, c'est fini.

Les heures passées avec mon fils qui se comptent sur les doigts d'une main, c'est fini.

Ce travail, ce métier qui n'était pas vraiment moi, c'est fini.

Demain on ne va pas courir.

Demain on prendra notre temps.

Demain on ira chez la nounou à pied, en regardant les canards, les vaches qui ne vont pas tarder à retourner à l'étable et les ragondins, en observant les feuilles qui tombent.

Demain je ne prendrais pas la voiture.

Demain mon cerveau travaillera, mais mon corps se reposera.

Demain est un autre jour.



Je remercie toutes les personnes qui m'ont soutenues dans ma décision et dans ces derniers mois de travail. Toutes ces voix qui ont "putassé" avec moi quand j'avais des trop pleins et qui ont pensé à moi aujourd'hui. Celles qui ont fait le décompte avec moi. Je vous emmène toutes dans ma valise. On trouvera bien quelqu'un d'autre sur qui putasser et des sujets pour râler hein. Vous inquiétez pas.

Je remercie Pruneau de toujours s'affoler de mes idées farfelues mais de les accepter quand même parce qu'il sait que c'est ce qui fait que je suis moi.

Paix et amour. 

Cookies et paillettes

dimanche 28 septembre 2014

La Voie

 

 

C'était une voie de chemin de fer. 


Du temps où la région était prospère. Du temps où mon village était une cité industrielle florissante. Du temps où tout ne passait pas par Paris. C'était une voie de chemin de fer qui reliait ma campagne Normande à Dreux, la Grande Ville la plus proche. 

En ce temps là, les locomotives étaient encore à vapeur. 

Et puis, les temps ont changé. Il y a eu deux guerres mondiales. Les gens sont partis des campagnes pour rejoindre la ville. Les usines ont fermé. Mon bourg industriel est devenu un village de campagne. Les trains se sont raréfiés, les passagers et les marchandises aussi. La voie n'était plus rentable. La voiture a pris le dessus sur le train.  Et un jour, on l'a abandonnée.

Comme la plupart des voies qui sillonnent la Normandie, elle a commencé à être envahie de mauvaises herbes, la nature a repris ses droits. Les gares sont devenues des habitations ou des mairies. Les grandes halles de marchandises sont devenues salles des fêtes. Les maisons des garde-barrières ne gardent plus grand chose. 

Et puis il y a quelques années, quelqu'un a eu la bonne idée d'exploiter cette jolie voie et l'a soigneusement recouverte d'asphalte. 

27 km de route lisse. 

Une voie verte. 


Elle garde toutes les traces de son passé. Les ponts très hauts, les grands chênes, les talus, les pierres de ballaste. Elle dégage par moment une atmosphère irréelle, intemporelle, presque magique. On croirait parfois que la locomotive rouge de Poudlard va surgir sous un tunnel dans un grand panache blanc en sifflant à toute vapeur.

Mais aujourd'hui les trains ont laissé la place à des petits vieux qui se baladent main dans la main. Ils ont laissé la place aux vélos. De grands vélos neufs et précieux ou de vieilles bicyclettes rouillées qui grincent. Des cavaliers, quelques scooters qui me font râler, et surtout des familles, des tas de familles. Avec des enfants à vélo, en roller, en draisienne, en poussettes. Des gens qui se disent bonjour sans se connaître, qui engagent la conversation, qui se demandent quel âge a le petit dernier qui trottine sagement ou quel est le nom de cette belle poupée blonde qui dort dans la poussette. 

J'y croise des tas de gens, la nounou, les voisins, ce monsieur dans sa petite voiturette, celui qui promène ses magnifiques chiens de chasse et cette vieille dame en Sari rose - toujours le même - qui fait des aller-retour sans cesse et qui apporte une touche exotique dans le décor. Je n'ai pas encore fait la totalité des 27 kilomètres, j'arpente souvent les mêmes parcelles, celles que je préfère.

Cette voie c'est notre patrimoine, l'histoire de notre région. C'est notre passé, notre présent, notre futur. C'est là que nos enfants font leurs premiers pas, qu'ils apprennent le vélo, qu'ils se créent des souvenirs, qu'ils découvrent le monde.


C'est une voie de vie. 



mercredi 24 septembre 2014

SNCF, les inventeurs du motif de grève

Je sais que je ne vais pas me faire des amis.

Je vais essayer de ne pas me laisser (trop) aveugler par de mauvais clichés et les 10 années d'utilisation des transports en commun (grèves, retards, problèmes divers et variés compris). 

Voilà. 

Aujourd'hui je réagis par rapport à un article paru dans Ouest France : 


Titre accrocheur s'il en est ! 

Voilà un petit résumé : 

Il était une fois, de gentils petits agents de la SNCF qui décident de faire des crêpes. Comme il restait du rhum (parce qu'on ne peut pas faire de crêpes sans rhum) ils ont fait des petits cocktails. Ils commencent à être bien éméchés et ils se disent que filmer cette petite fête serait une bonne idée. Et, je cite l'article : 

« J'ai dit à la régulation qu'on avait cessé le service » plaisante un des agents dans la vidéo. La séquence d'une minute cinquante montre une série de négligences des agents, visiblement éméchés et amusés par la situation. Un des aiguilleurs manque même de faire rater un embranchement à un train. « C'est le rhum qui commence à monter à la tête », commente un autre".

Malheureusement pour les pauvres petits agents, les vilains, vilains dirigeants de la SNCF n'ont pas aimé du tout du tout la vidéo et ils les ont puni. Et méchamment hein... ouuuuuh

 "Deux des agents mis en cause on eu une mise à pied de deux jours et quatre autres d'un jour avec sursis".

Une mise à pied ! Ouh ! C'est dur !

Et du coup, les autres agents de la SNCF ils trouvent que BOUH ! C'est méchant et que si c'est comme ça, nous on va faire grève, parce que c'est pas gentil ! 

NON MAIS ALLO !!!! 

S'ils avaient été dans une société normale - comprendre une société privée qui n'a pas le pouvoir de faire chier des millions de personnes si elle se met en grève - ils auraient été purement et simplement VIRES et si ça n'avait pas été le cas (coup de bol) ils auraient courbé la tête en remerciant leur patron d'avoir sauvé leurs miches (dans sa grande mansuétude) et ils auraient été soulagés de garder le boulot qui leur permet de vivre !

C'est incroyable ! 


Comme d'habitude, ce sont les usagers qui vont le payer. 

Comme d'habitude, des gens vont être sanctionnés dans leur travail, vont devoir payer des heures supp à leur nounou, vont galérer, parce que d'autres - cette petite minorité qui détient le pouvoir de prendre les autres en otage -  se croient au dessus des lois et de toute déontologie.

Dans presque tous les corps de métier, l'alcool est purement et simplement interdit. Vous risquez un blâme au minimum. La plupart du temps, c'est noté dans la convention collective. Et personne n'y trouve à redire. 

Comme d'habitude, il y a un fossé énorme entre leur vie et la vie réelle, la mienne, la tienne, celle de Pôle Emploi, des centaines de CV envoyés, des contraintes d'horaires et de la peur du licenciement.

Oncle Ben disait "Un Grand Pouvoir implique une grande responsabilité" 


 (je cite Spider Man SI JE VEUX)

Alors franchement les mecs, merci pour la tranche de rigolade, mais vous pourriez redevenir sérieux maintenant ?


Tu vois Pruneau ? C'est elle BOUMBO !!!

mardi 23 septembre 2014

A la croisée des chemins

ça y est, on y est. 

Ma petite valise de souvenirs est prête (en vieux carton jaune dégueulasse, comme celle de maman), plus que 7 petits jours avant de refermer la porte sur cette (longue) partie de ma vie.

Évidemment, j'ai peur.


Je suis mal à l'aise. 

Dire le contraire serait mentir. 

D'abord parce que je vais perdre mon autonomie financière. Et être dépendante de Pruneau, j'aime pas ça (féministe indépendante, tout ça...). Je quitte mon petit confort, mes habitudes, mes petites routines.

Ensuite parce que je sais que la formation que j'ai choisie coûte très chère et que je ne suis pas sûre d'avoir les moyens de la payer si Popole refuse de la financer.

Et enfin, parce que mon avenir repose sur un examen que je ne suis absolument pas sûre d'obtenir. Si beaucoup de gens le minimisent car il est ouvert à partir de 17 ans et sans diplôme, je peux t'assurer que c'est loin d'être simple (même avec ma grande intelligence) (huhuhu) et surtout 20 places par années c'est peu. J'ai donc décidé de le passer dans deux IFAP différentes, même si ça fait 2 frais d'inscription à payer, que j'ai peur que les dates d'examen se chevauchent et surtout que je préfèrerai mille fois être dans le bel hôpital flambant neuf dans lequel j'ai accouché que dans l'hôpital de zone aux murs décrépits imbibés d'amiante du deuxième choix (qui coûte plus cher, en plus). Mais enfin, on va pas chipoter, j'irais où je pourrais et - surtout surtout surtout - contrairement à ce que certains ont osé me proposer :

PAS A PARIS ! Jamais, plus jamais, NEVER EVER ! 


Et donc, qu'est-ce que je vais faire si je me plante (lamentablement) aux examens d'entrée hein ? Retravailler dans un boulot qui ne me plait pas en mission d'interim ou en CDD ? Choisir une autre formation qui me plairait moins ? 

Pruneau n'arrête pas de me répéter que je ne dois pas partir sur un échec, que je dois m'accrocher et que je VAIS y arriver. Et puis c'est tout. 

Mais ma culture de l'échec est si bien ancrée en moi que j'ai toujours l'impression de ne pas être à la hauteur de ce qu'on me demande ce qui me pousse à ne jamais rien entreprendre, ou alors en me limitant à des choses vraiment vraiment super faciles.

Paradoxalement, mes parents (j'en profite pour balancer, ils sont coupé d'internet pour un bon moment) ont toujours minimisé mes victoires en me disant que "la mention du bac de toute façon tu la méritais pas" et que "major de promotion en BTS c'est normal, c'était trop facile pour toi de toute façon". Et comme ma brillante sœur vient de réussir les doigts dans le nez un test d'entrée dans un master II quelque-chose-d'icompréhensible-mais-de-forcément-brillant, j'ai l'impression que le monde entier me regarde de haut en attendant que je me plante lamentablement pour bien se foutre de ma gueule par la suite.

Bref. 

Je suis là. 

Avec ma petite valise en carton qui contient ce qu'il reste de ces 9 derniers mois de boulot. Une clé USB, quelques photos, une tasse avec la tête de Brugnon, 1 boite de Cappuccino et 3 boites de tisane. 

Je quitte sans regret les bouchons interminables de l'A13, les colis suspects du RER A et une vie parisienne qui ne me réussit vraiment pas. 

J'ai un nouvel ordinateur avec de chouettes stickers dessus, des bouquins, des surligneurs et un magnifique carnet ikea pour mes brouillons. 

A nous deux, la vie. 


Montres-moi de quoi tu es capable. 


Source

dimanche 21 septembre 2014

Hors Saison

Ce week end c'était le premier vrai week end d'automne en Normandie. 

La semaine dernière, on s'est baignés (enfin, jusqu'aux cuisses, faut pas déconner) et cette semaine, on a perdu 10 degrés. 

Et pourtant, ce dimanche a été un enchantement. De bonnes chaussettes bien chaudes, des pulls et des bottes en caoutchouc et roule ma poule. Direction le bord de mer, déserté (enfin) de ses touristes, ne subsistant que de (rares) promeneurs emmitouflés dans des parkas, des personnes âgées en balade, des amoureux sur la plage... 

Si j'aime la plage en été, j'adore la mer hors saison. 

La mer donne l'impression de reprendre ses droits. Elle tempête, elle hurle, elle chante, elle s'exprime, après des mois de repos pendant lesquels les sons naturels ont été dominés par les bruits de la vie, les bruits des hommes. 

Le ciel gris et lourd qui se confond avec la mer, le bruit du ressac, le vent qui fouette le visage et laisse un goût sâlé sur les lèvres.  Les grandes demeures fermées, abandonnées jusqu'à l'été prochain, les terrasses désertées, les guitounes à glace closes. 

Et le meilleur, après tout cela, une brasserie chaleureuse, une terrasse couverte, chauffée, un bon chocolat chaud, une ambiance douillette et réconfortante, quelques paroles douces échangées avec ces promeneurs du dimanche, ces gens qui ont le temps, qui prennent le temps. 

Un dimanche de partage avec mon enfant. 

Un dimanche mélancolique, reposant, calme. 

Un dimanche en bord de mer. 




vendredi 19 septembre 2014

La tâche

Je me suis grattée et j'ai jeté un coup d'oeil. Elle était là. Moche, rouge, enflée. C'était vraiment pas beau. 

Je n'ai jamais eu de problème de peau, alors ça m'a surpris. Une brûlure ? Une piqûre ? ça ne ressemblait à rien de tout ça. 

J'en ai parlé, à droite et à gauche (comprendre, sur Facebook) et on est tous arrivés à la conclusion qu'il s'agissait d'un eczéma de stress, à cause de la pression qu'on me met au boulot pour que je termine tout avant de partir. J'ai même fait un malaise en début de semaine, ça concorderait bien.

Bref. 

Je l'ai regardée, plusieurs fois, sans toucher comme me l'a appris ma maman. Une blessure, on ne la touche pas, sinon ça s'envenime. 

Maman... 

J'ai revu maman, il y a 10 ans, me montrant une petite tâche sur son majeur. Je me souviens parfaitement, ma chambre de jeune fille, mon grand bureau, et maman entrant dans ma chambre rien que pour ça, alors que c'était une petite tâche de rien du tout, ne t'inquiètes pas maman. 

Je me souviens des rendez-vous, de la dermatologue, du traitement, de la deuxième tâche, de la troisième, des plaques entières partout, sur tout le corps. L'inquiétude, l'angoisse, l'incompréhension des médecins, les longs mois d'attente, d'examen, d'analyses, de questionnement. 

Mourra ? Mourra pas ? 

J'allais juste avoir 19 ans.

Ma maman. Ma petite maman. 


Je me souviens de nous, incapables de lui apporter du réconfort, trouvant porte close à chaque parole, tellement impuissants, devant vivre avec cette épée de Damoclès mais rester fort pour ne pas qu'elle s'écroule. 

Je me souviens des visites dans cet hôpital parisien, de mon envie de me blottir dans ses bras, des heures à ne rien faire, à regarder la télé, à parler de tout et de rien, pour retrouver un semblant de vie normale. Je me souviens de repartir sans elle. 

Seule, si seule sur le chemin du retour.

Je me souviens de ma mère traitée comme un objet de recherche, analysée de partout, sans intimité, du passage des médecins, des professeurs, des internes.

Je me souviens du verdict attendu, redouté, trouvé, enfin. 

Lupus Érythémateux. 


Je me souviens des questions, des recherches, des informations amassées patiemment pour apprivoiser la bête. 

Je me souviens des mois de traitement, du régime sans sel qu'on accompagnait difficilement (avec ces foutus biscuits Gerblé dégueulasses), des sorties couverte de la tête aux pieds même en plein été, du regard des gens, du sale regard des gens. 

Je me souviens du trajet au Portugal en 24h parce qu'on avait du reporter nos vacances et qu'on n'avait plus de chambre d'hôtel sur la route, de la fontaine bénie de Madère qui guérissait les maladies de peau, de l'espoir qu'on voyait partout. 

Je me souviens de la naissance de ma nièce et du mot béni. 

Rémission. 


Je me souviens de nos fou-rire un peu jaune devant Dr House quand ils posaient un diagnostique de lupus au bout de 5 secondes, quand il avait fallu des mois et des mois pour que quelqu'un y pense au sujet de ma mère. 

Je me souviens aussi de cette ordonnance de la gynécologue quand Brugnon n'était qu'un petit haricot. Du questionnement de la laborantine. Pourquoi est-ce qu'elle vous demande une recherche d'anti-nucléaires ? C'est bizarre tout de même ! 

Bizarre. 

Génétiquement bizarre. 


Je me souviens de cette enveloppe que je me refusais d'ouvrir, du papier rose, de la main de Pruneau que j'ai serré très fort, des yeux mouillés de ma mère quand j'ai annoncé que c'était négatif, et de sa réponse si sûre, si évidente, comme pour conjurer définitivement le sort "mais c'était sûr, c'est génétique, pas héréditaire" !

C'est une petite tâche. 

Une toute petite irritation due à de l'eczéma parce que je ne supporte plus les rythmes de mon boulot. 

Une petite tâche de rien. 

jeudi 18 septembre 2014

La Maison au lierre.

C'était une vaste demeure fin XIXème je crois. Une demeure bourgeoise, comme il y en a pas mal dans la région, du temps où la ville était encore une petite bourgade de "campagne" avant de devenir la vaste ville de banlieue qu'elle est aujourd'hui. 

Cette maison je l'ai toujours connue. Elle faisait parti du paysage. Depuis 9 mois, je passais devant tous les jours. 

Mystérieuse, elle me captivait. Entièrement couverte de lierre, je ne manquais pas de m'imaginer toutes sortes d'histoires en passant devant. J'imaginais une vieille comtesse faible et fragile, toujours élégante malgré sa petite retraite, buvant son thé dans la pénombre d'un petit salon, regardant tristement la maison de ses ancêtres dépérir par manque de moyen.

Le parc n'était pas très grands, entouré de haies immenses qui débordaient sur le trottoir minuscule. Je râlais souvent de me prendre des branches dans la figure. 

Et puis, lundi, les haies ont été entièrement taillées. J'étais joyeuse. Quel changement ! Quelle clarté dans la rue ! Je pouvais enfin admirer la demeure dans son ensemble, quelle bonne idée ! 

Mardi, ils ont détruit une partie du mur d'enceinte et commencé à déblayé le jardin. On pouvait enfin découvrir ce qu'on ne voyait qu'à travers les barreaux du portail jusqu'à présent. Je me suis dit que quelqu'un s'occupait enfin de cette magnifique demeure à l'abandon. J'ai pensé que ma petite vieille était morte et que les héritiers avaient revendu la maison à un Emir du Quatar, soucieux de redonner à cette demeure le cachet qu'elle avait autrefois.

Et puis hier, j'ai vu des gens attroupés devant le chantier, visage fermé, grave, triste.

Et j'ai compris.


Et voilà. 

Pendant que j'étais au travail, sans me douter de rien, les dents d'une pelleteuse ont attaqué la belle maison. Elles ont grignoté le lierre, les murs, le carrelage vert de la salle de bain, les presque deux siècles de souvenirs qu'elle portait avec elle. Les réceptions mondaines, les soirées au coin du feu, les enfants qui jouent dans le jardin. Deux guerres mondiales. Des familles, des naissances, des morts. Des joies et des peines. Deux siècles d'histoire.

"Tu étais poussière et tu retourneras poussière". 

Et j'ai eu mal au coeur. 

Mal au coeur parce que cette maison a été construite du temps où le moindre détail devait être beau, ouvragé, soigné. 

Du temps où l'on aimait prendre son temps. Du temps où l'on préférait attendre mais avoir des finitions splendides et des demeures aussi exceptionnelles dedans que dehors. 

Et je suppose qu'à la place, ils vont construire une barre de HLM immonde sur des dizaines d'étages qui va gâcher le paysage et qui aura un rendu dégueulasse d'ici 20 ans. 

J'ai la rage. 

De ne pas avoir pu l'empêcher. 

D'être arrivée trop tard. 

De n'avoir pas pu remplir mes yeux et mon iphone de l'image de cette splendide maison. 

Parce que bientôt mon cerveau, rempli d'autres souvenirs, aura oublié la belle maison recouverte de lierre. 

Et ma petite comtesse n'existera plus pour personne. 




La Prune

mercredi 17 septembre 2014

L'hypersexualisation banale

Comme tu le sais déjà, je suis issue d'une famille un peu old school. 

Pas de maquillage et pas de talons avant le lycée et pas le droit de faire de stop pour les filles.

Moi, je portais des robes à smock, des soquettes blanches et des ballerines vernies. J'avais des boucles et des noeuds dans les cheveux. Une poupée de porcelaine couleur caramel.

J'étais une enfant habillée comme une enfant.


Alors bien sûr hier j'ai été très choquée de découvrir des photos du nouveau shooting Vogue Kids. Des poses lascives, des gamines ultra jeunes habillées en micro short et en soutien-gorge qu'elles ne peuvent - bien sûr - pas remplir. C'est malsain. C'est dérangeant. Comme quand on découvre un groupe pédophile sur facebook. Ça donne juste la gerbe.

Mais le pire dans cette histoire, ce qui m'a révolté au point de vouloir écrire un article, c'est les commentaires sous l'article famili qui parlait de cette histoire. Parce que si la majorité partageait mon dégoût, d'autres ont confirmé mes craintes. Je te livre des extraits tels quels (avec les fautes) : "Je les trouve pas dégradante" " faut avoir l esprit tordu pour y voir de l hypersexualisation ....y'a ni talon ni maquillage a outrance....ni rien que des enfants tranquille ..." 

Voilà. Donc pour beaucoup de parents, ces photos sont "normales". Il n'y a "rien de choquant". C'est nous qui avons l'esprit tordu.

Sérieusement ? 


Comment en est-on arrivé là ? Comment juge-t-on "normal" ce genre de photos obscènes ?

L'hypersexualisation est-elle devenue à ce point banale pour que des parents ne la voient même plus ?! 

Ouvrez les yeux ! 

NON il n'y a pas besoin que des enfants - presque des bébés - soient photographiées nues ou maquillées pour que cela soit répréhensible. 

NON il n'est pas NORMAL qu'une enfant soit qualifiée de "sexy". Sexy = qui appelle le sexe bordel !

NON ce ne sont pas des poses NORMALES. C'est malsain. C'est dégradant. Une enfant, une vraie, ça joue, ça saute, ça sourit. ça ne fait pas des poses jambes écartées et bouches entre-ouverte façon magazine Play-boy ! 

Auriez-vous apprécié que ce soient VOS enfants ? Auriez-vous montré ces photos à vos familles ? Vos amis ? Vos parents ?

Nous ne sommes plus au Moyen Age, nous n'avons pas besoin de marier nos enfants à 15 ans. Respectons les enfants et apprenons-leur à se respecter eux-mêmes. Ils auront le temps de grandir bien assez tôt pour que nous ne les privions pas de leur innocence !

Nos enfants ne sont pas des objets sexuels ! 


crédit photo

vendredi 12 septembre 2014

Tu ne maigriras point.

Il y a deux ans, j'écrivais un article qui expliquait pourquoi je souhaitais arrêter les régimes. Un article qui expliquait pourquoi, après tant d'années d'acharnement, de pression, d'obsession, mon poids ne me faisait plus peur. 

Deux ans plus tard, j'ai fait un bébé. Et moi personnellement, enceinte, je devenais Gargantua. A la fin de la grossesse, j'approchais dangereusement du quintal. Une baleine. Je devais m'imposer un régime draconien (toxoplasmose, toussa) alors je me suis lâchée sur tout le reste, je n'en ai pas honte.

Depuis, je fluctue. J'ai perdu, j'ai repris. Je ne fais pas vraiment attention. Parce que j'ai d'autres priorités, parce que je ne dors pas, parce que je travaille, et parce que franchement, je m'en fout. Je me sens bien dans mes baskets. 

Alors quand hier, pour la énième fois dans ma vie, on m'a fait une réflexion sur mon poids, quand on m'a dit gentiment que j'étais mieux "avant" et que je devais redevenir comme il y a 6 ans, je me suis sentie blessée.

Parce qu'il y a 6 ans, je me sentais bien plus mal dans ma peau qu'aujourd'hui. Parce qu'il y a 6 ans, quand j'étais "canon", c'est un cachalot que je voyais dans le miroir. 

Ce n'est pas une perte de poids qui m'a fait me sentir mieux dans ma peau.

C'est l'amour d'un Pruneau qui m'a permis de voir à travers ses yeux la fille que j'étais en réalité. 

Il m'a fallu 20 ans pour m'accepter, je ne reviendrai pas en arrière.


Aujourd'hui, je suis passée du côté obscur de la force (comprendre, au dessus de la taille 44) et tu sais quoi ? Bah en vrai, ça ne change rien. Je me sens pareil. J'ai pas l'impression d'être plus malheureuse. Pour les enseignes de prêt à porter, par contre, je n'ai plus ma place. Et je te parle même pas du soutien gorge. Pour les vendeuses, quand tu dis 105E on te regarde comme si tu parlais des Korrigans, c'est une légende urbaine. 

Mais je m'en fiche. 

Je suis ronde, je l'assume.


Et je ne changerai pas. Parce que, quoique tu en dises pour me convaincre, les régimes n'apportent rien. Les régimes sont longs, difficiles, douloureux. Ils torturent le corps et l'esprit. Ils obsèdent. Ils mettent du temps à s'installer mais te reviennent en pleine tronche dès que tu fais un petit écart. Et les régimes ne changent pas le regard des autres, c'est faux.

La société me renvoi exactement la même image que je fasses 65 kg ou 95kg. J'entends les mêmes réflexions, j'ai droit aux mêmes sous-entendus, aux mêmes questions humiliantes, aux mêmes conseils débiles. Les gens ne voient que ça. Mon poids, ma graisse, mes bourlets. Je suis cataloguée, définitivement, depuis ma plus tendre enfance. Je ne veux plus user mon énergie à tenter de me plier à une société aussi basse de plafond. 

J'en ai MARRE, marre de cette pression. Marre de devoir me réjouir quand on voit UNE femme qui ne soit pas maigre à la télévision (genre dans la pub Sosh) et que Mirabelle rétorque "dis donc, elle est moche celle-là, elle est grosse !"

Franchement, tu les trouve grosses, toi ?!


Les hommes se contentent de nous offrir ce que la nature leur a donné. Une femme qui ne se maquille pas, n'est pas mince, ne porte pas de talons, ne s'épile pas les sourcils ne mérite pas le titre de "vraie femme". C'est honteux. C'est injuste.

Je suis une VRAIE femme (franchement, j'ai mis un enfant au monde, cites-moi quelque chose qui soit plus féminin que ça ?!!!) Une VRAIE femme sans maquillage, sans talons. J'ai un gros popotin ? Qu'à cela ne tienne, c'est confortable quand je m'assois. J'ai de gros bras ? Parfait, ça fait des câlins moelleux (pas vrai Pruneau ?). .

Une chose est sûre, je ne maigrirais pas pour faire plaisir. Si je ne plais pas, c'est à toi de détourner le regard. Je n'ai pas à raser les murs. Je n'ai pas à baisser les yeux. Je n'ai pas à avoir honte. Je n'ai rien fait de mal. Je peux être autre chose qu'un corps. Autre chose que des seins. Autre chose qu'un chiffre sur une balance.

Je suis grosse, et je t'emmerde. 


Aller, pour fêter ça, Gastronomie Américaine !


mardi 9 septembre 2014

Motivée, motivée...

Je suis là, devant mon écran, avec une tonne de travail sous le coude. Comme d'habitude, que des choses passionnantes à faire. Me replonger dans de la compta vieille de deux ans, passer des coups de fil de téléprospection pour une salle de sport (moi qui suis TELLEMENT sportive et qui aime TELLEMENT faire chier les gens au téléphone), préparer des factures... Sans compter le FAMEUX inventaire que j'avais préparé avant mon départ en congé mat et que j'ai du entièrement refaire à mon retour de vacances cet été. Deux ans plus tard, donc. Autant te dire que vérifier le nombre de sachets de thé disponibles il y a deux ans, ça me fait VRAIMENT une belle jambe. Surtout qu'ils ont du être bu, depuis.

J'ai cette tonne de travail passionnant qui m'attend donc et moi je suis là, devant mon écran, avec des yeux de poisson mort et un cerveau qui tourne au ralenti. Je suis fatiguée, j'ai l'impression de peser une tonne et d'avoir l'esprit embrumé d'ennui. 

Plus l'échéance approche et moins j'arrive à me motiver. 

Plus l'échéance approche et moins j'arrive à me lever le matin. 

Plus l'échéance approche et plus ma conscience professionnelle me fait défaut. 

Pourtant je sais que je dois terminer. Que je dois les aider à finir tout ça. Qu'ils m'appelleront même après la fin de mon contrat parce que c'est toujours comme ça (à croire qu'ils ne peuvent pas se passer de moi).

On est à J-21 et mon cerveau a déjà décroché. Mon cerveau est installé dans mon Précieux fauteuil Ikea récupéré d'occasion avec lequel j'ai saoulé absolument tout le monde la semaine dernière. Mon cerveau est penché sur l'étude des cellules (la cytologie, donc) (tu repartiras avec un nouveau mot, remercie-moi) et les tests psychotechniques qui te demandent de trouver quelle est la logique entre APOLLON 37 et LALIE 25 (aller, je t'aide, c'est une histoire de syllabes et de lettres).

Mon cerveau il se dit qu'il serait bien à trier les fiches de paie et faire les photocopies pour Popole. Mon cerveau il dit que ce serait bien de prendre rendez-vous en urgence pour faire réparer cette couronne qui s'est barrée hier en mangeant un caramel. Mon cerveau il pense au frigo vide et au petit garçon que je dois réveiller le matin à 7h juste avant de partir alors qu'il dort si bien avec sa petite bouche qui fait la moue. 

Mon cerveau, il est déjà en octobre. 

Et du coup, moi je suis là, avec les yeux dans le vide et une envie proche de zéro de me plonger dans ces foutus tableaux et de passer ces foutus coups de téléphone. 

Septembre va être long. 


jeudi 4 septembre 2014

Education Non Violente


J'ai été élevée par des parents non violents. Je n'ai pas le souvenir d'une fessée ou d'une punition grave, à part quand on m'envoyait dans ma chambre, parfois. Pourtant on a toujours dit que j'étais une enfant sage et bien élevée. J'écoutais en classe, j'étais assez bonne, je n'ai pas mal tourné. J'ai un travail, une situation stable, un enfant. Chez nous on crie beaucoup, mais on ne sévit jamais. Pourtant on sait se faire respecter, croyez-moi (j'ai 28 ans, et j'ai souvent encore peur de mes parents). 

Alors tout naturellement, quand j'ai eu mon enfant, il était clair que je ne serais pas une adepte de la fessée ou de la gifle. Je n'ai pas été élevée de cette façon. Alors oui, je connais l'argument "Machin chose elle a eu des fessées et elle en est pas morte". Certes. Mais Truc-muche il recevait des coups de ceinture et aujourd'hui il bat sa femme. C'est vrai dans les deux sens.

Oui, lever la main sur quelqu'un, c'est de la violence. 

Quand un homme donne une gifle à sa femme, c'est une femme battue. Quand un homme donne une gifle à son enfant, c'est pour son bien ?
 

La violence engendre la violence. 


On dit toujours que les enfants sont des éponges. Qu'ils cherchent à reproduire les gestes des parents. Qu'ils font du mimétisme. Ai-je vraiment envie que mon fils assimile le geste de frapper ? Ai-je vraiment envie que cela devienne un geste normal, un geste banal ? Ai-je vraiment envie qu'il le reproduise plus tard ? Ai-je envie que mon fils se mette à pleurer et mette sa main derrière pour se protéger, rien qu'à l'idée de s'en prendre une ? Comment lui expliquer qu'il a le droit d'être frappé mais pas de frapper ceux qui l'entourent ? Ai-je envie d'être respectée ou d'être crainte ?

J'essaie aujourd'hui d'apporter à mon enfant tout ce que j'ai reçu et tout ce que j'ai appris dans ma vie. De mes lectures, de mes choix de vie, de mon expérience.

Je l'encourage fréquemment, je le félicite. Je veux qu'il se sente fier, je veux qu'il se rende compte de ses progrès et qu'il s'en félicite. Ce n'est pas parce que Truc-Muche sait marcher depuis deux mois qu'il n'a pas le droit à de sincères félicitations quand il arrive à se mettre debout. Parce que, pour lui, dans sa petite tête blonde, c'est important. Mais je ne veux pas pour autant qu'il soit suffisant. Je veux qu'il ai de l'humilité et du respect pour les autres. Je veux qu'il reconnaisse ses erreurs et prenne conscience que certains peuvent être meilleurs que lui, sans en être aigri.

J'essaie de ne jamais lui faire peur. Quand il tombe, je le rassures en lui disant que ce n'est pas grave. Je garde une voix posée. Quand il se fait mal, je suis là pour le rassurer, le consoler.

Ce n'est pas parce que c'est un garçon qu'il n'a pas le droit d'avoir mal. 


Mon fils n'a pas un caractère facile. Il crie beaucoup, tout le temps. Il pique des colères terribles quand il n'obtient pas quelque chose. Alors parfois je m'énerve. Je crie pour qu'il se taise. J'essaie aussi de distraire son attention pour qu'il oublie ce qu'il voulait au départ. 

Mais je l'avoue, deux fois, je lui ai donné une tape sur la main. Parce qu'il griffait, mordait, frappait. Parce qu'il devenait un petit monstre incontrôlable et que tout ce que j'essayais échouait lamentablement. Il a été surpris, il a pleuré  et je l'ai consolé en m'excusant et en lui expliquant pourquoi j'en étais arrivée là. Il a compris. Il n'a plus recommencé. 

J'ai souvent culpabilisé en me demandant quelle méthode j'aurais pu appliquer pour offrir une réponse plus adéquate et moins violente à la situation. J'ai encore des choses à apprendre. 

Mais quand il pique une colère dans son lit et que Pruneau propose d'aller lui balancer un verre d'eau à la figure pour le faire taire, je m'y oppose. 

Quand un papa m'explique que si un enfant mord, il faut le mordre en retour "pour qu'il comprenne", je trouve ça barbare. 

Mordre un enfant, c'est violent. Mordre un enfant, c'est cruel.

La violence n'est pas une solution à tout.


Je ne sais pas comment va évoluer mon éducation. Je ne sais pas si j'aurais les bonnes réactions et si je saurais faire comprendre à mon fils ce que j'attends de lui.

Je ne suis pas une mère parfaite, j'ai mes défauts, mes lassitudes, mes limites. 

Mais quoi qu'il arrive, je sais que la violence ne sera jamais la première solution que j'envisagerais.

Je ne souhaite pas faire de la violence notre quotidien. 


source


mardi 2 septembre 2014

Arrêt sur Image - B&P #59


Si tu n'as pas suivi, voici ma semaine en Instagram :

Maman a eu des bottes canon

et bébé des chaussures trop choupies

Brugnon a marché dans le jardin avec sa cousine

J'ai reçu un super pull


Ma demande de rupture a été acceptée


J'ai mangé du Saucisson

Saucisse a fait un selfie !

lundi 1 septembre 2014

La Bosse des maths

28 ans. 

Il m'a fallu 28 ans. 

Les maths j'ai décroché en CM1 à peu près. Dans la classe de Madame Chauvin. On devait faire les fractions avec des cubes de couleur je me souviens. Et après, c'est le trou noir. 

Les maths étaient ma bête noire. Je les détestais. Je ne comprenais rien. Les chiffres dansaient devant mes yeux, les règles de calculs glissaient sur mes neurones et mon cerveau embrouillé ne trouvait aucune logique dans rien. 

C'est même à cause des maths que j'ai eu ma seule heure de colle de TOUTE MA VIE. Toute la classe s'était plantée à un devoir qu'on devait refaire à la maison. Je JURE sur le fromage de chèvre que j'ai travaillé sérieusement et pourtant j'ai eu une note encore pire qu'au devoir sur table. 0.5/20 (pour l'encre sans doute) (l'encre turquoise, ça fait son effet). Du coup, la prof m'a collée pour que je re-refasse mon devoir. J'y suis allée en larmes, je me suis retrouvée avec tous les cancres du collège, et j'ai rendu un devoir où je n'ai encore pas eu la moyenne. La prof à abandonné. 

J'ai eu plein de profs particuliers, sans jamais décoller. J'ai fini la Terminale avec 2 de moyenne et j'ai eu un timide 9/20 au bac (encore moins que la philo, c'est dire !) ce à quoi ma prof de l'époque répondra "comme quoi, les miracles, ça existe !". 

Bref, tu l'auras compris les maths et moi, on n'est pas copains. 

Avec Guimauve, on sort la calculatrice quand on doit payer sa part au restaurant et j'ai envoyé Mirabelle demander à son père pour les tables de multiplications. 

Moi, je corrige les dictées et les articles de papa dans les journaux spécialisés. On ne peut pas être partout. 

Du coup, quand j'ai vu ça en ouvrant mon bouquin de préparation :



 j'ai eu une crise d'angoisse. Tachycardie et sueurs froides. L'enfer. J'étais prête à tout plaquer, à dire que je n'y arriverais pas, que c'était pas la peine d'essayer. Et pis bon, j'ai 28 ans quand même, et Pruneau m'a dit qu'il allait m'aider. 

Alors j'ai ouvert le bouquin. Tremblante. Et puis j'ai commencé. Les nombres décimaux, les additions et soustractions, je gérais. J'avais presque l'impression d'être douée. Et puis je me suis rendue compte d'un truc. J'étais incapable de poser une division. Merde, un truc de primaire quoi ! 


Mais j'ai tenu bon. Et le pire ? C'est que j'y ai pris plaisir. J'ai torturé mon cerveau, j'ai fait des ratures et des brouillons, je regardais les résultats des corrigés et j'étais incapable de savoir comment ils en étaient arrivés là... Mais je persévérais, je recommençais, encore et encore. Je kiffais même de tomber dans les pièges fourbes des poseurs de questions, qui multiplient le nombre des bouchons de javel nécessaires pour nettoyer une pièce par deux avant de te demander tout à la fin de combien de bouchons tu as besoin pour une pièce plus grande (et c'est kiki oublie de diviser par deux ???). 

Du coup, avec Pruneau, entre deux émoticones coeur, on débat sur le pourquoi du comment mon quotient fait 0.065 et pas 0.65 et pourquoi ma baignoire elle fait 7L et pas 6.

Et tu sais quoi ? J'y ai pris tellement de plaisir que j'ai été frustrée d'arriver à la fin du bouquin. Du coup j'en ai acheté d'autres, et j'ai fouillé le net pour trouver des sites (niveau 6ème) pour m'entrainer.

Et bah je vais te dire, si j'avais su tout ça ya 15 ans, j'aurais fait Polytechnique, au moins. 

Bon, non, peut être pas. 

Mais ça y est, papa, maman, j'ai 28 ans et j'aime les maths !