mercredi 22 mai 2013

La Gloire de mon Enfance (avé l'accent)

Hier soir avec Pruneau, nous avons regardé le Château de ma Mère et la Gloire de mon Père (oui, oui dans cet ordre là) (merci w9). Je n'avais jamais prêté attention à ces films que je trouvais ennuyeux étant jeune. C'était donc la première fois que je les regardais avec mes yeux d'adulte. 

J'ai été bouleversée. Par le calme, les cigales, et ces étendues vierges. J'ai revu les collines, la garrigue, et j'ai revécu toutes les vacances de mon enfance.

Et j'ai revécu les soirées en famille, à la lumière des lampes tempêtes à moustique, dans notre maison de bord de mer, où nous prenions des repas interminables dans la douceur des soirs d'été, les paellas faites par ma mère dans le barbecue de pierre et les parties de boules.

J'ai revécu les moments passés dans ma famille du sud, dans cette grande maison au milieu des champs, où nous parlions avé l'accent, où mon oncle aiguisait ses couteaux avant de trancher le rosbeef du dimanche. Il nous demandait de choisir entre le sirop rouge et le sirop vert et pendant la sieste il nous apprenait à attraper les cigales. Avec mes cousins nous courrions la campagne, nous battissions des forteresses imprenables et nous allions chercher des oeufs au poulailler. De vrais oeufs même pas en boite de 6 dis donc !

J'ai revécu aussi mon enfance au Portugal, nos déambulations avec mon cousin dans ce village qui me paraissait si exotique, si différent de chez moi, avec les pavés, les chemins de terre battue, les femmes qui portaient des paquets sur leur tête, arborant le deuil d'un mari disparu depuis longtemps. Les petites échoppes du coin de la rue où ma grand-mère, qui connaissait tout le monde, passait des heures interminables à parler avec toutes les velhotes du coin. Les cafés à tous les coins de rue où nous mangions des glaces après chaque repas, et toutes les personnes inconnues que nous croisions et qui, parce qu'elles étaient une vague connaissance de la famille, me pinçaient la joue comme si elles avaient changé ma couche étant bébé.

J'ai repensé aux dîners en famille, qu'on prenait dans la cour sur des tréteaux parce qu'aucune table n'était assez grande pour nous accueillir tous. C'était de grandes tablées bruyantes, tourbillonnantes, où les adultes refaisaient le monde et où les enfants imaginaient le leur, les plats allaient et venaient et tout cela durait des heures dans un grand brouhaha joyeux.

C'est après toutes ces sensations que je courre depuis que je suis adulte. Je voudrais revivre ces moments de douceur encore et encore, les savourer davantage car pendant longtemps, trop longtemps, j'ai cru qu'ils ne disparaitraient jamais.

Mais finalement, j'ai beau vouloir reconstruire et revivre cette douceur passée, je sais maintenant que je n'y arriverais jamais. Car c'est mes yeux d'enfant qui les permettaient.

La maison du sud, nous l'avons vendue car nous y allions peu et que les bords de plage sauvage ont été complètement envahis de touristes. Je n'y ai jamais plus remis les pieds, trop loin, pas le temps, pas les moyens....

Les grandes tablées où qu'elles soient se sont faites rares, car les occasions aussi. Trop de gens manquent à l'appel. Les enfants sont partis de la maison et certains petits vieux, qu'on pensait faire parti des meubles, se sont éteints.

Mon oncle adoré a disparu et emporté avec lui mon insouciance. La maison du fond des champs a été revendue et embellie par les nouveaux propriétaires, mais elle a perdu à mes yeux tout son charme. Nos forteresses d'antant n'étaient que de vieilles machines-outils rouillées et abandonnées qui me font hurler "tétanos !!!". Mes cousins adoptifs ont repris leur vie et je ne les ai jamais revu, ou presque.

Même mes balades au Portugal ont changé de visage. Les petites boutiques ont fermé au profit des grandes surfaces. Les routes pavées ont été goudronnées. Les maisons que je trouvais atypiques se révèlent en réalité misérables, sur le point de s'écrouler. Les femmes en fichu ont disparu. 

Je continue à m'extasier sur tout et à me contenter de peu, pour le plus grand plaisir de Pruneau. J'apprécie chaque instant et je délire sur plein de choses. Je pensais avoir gardé mon esprit d'enfant. Mais je n'arrive plus à partir en vacances sans penser organisation, budget, logistique et surtout en ayant l'impression que le temps s'arrête et qu'elles ne finiront jamais. Vivre à fond, sans penser à demain, c'est nettement plus facile quand on a 10 ans.

J'ai gardé mon âme d'enfant, mais mon enfance, elle, s'est perdue en chemin. 

Mais cette nuit, j'ai rêvé avé l'accent

La Prune


10 commentaires:

  1. Je me suis régalée à regarder ces 2 films dans le désordre, j'ai lu les 4 tomes de la série quand j'avais 15 ans et cela m'avait laissé un excellent souvenir ! Très bel article, bonne journée !

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  2. rha Prune, suis émue (si j'te jure), j'ai pas vécu dans le sud, mais ce que tu écris, les souvenirs d'enfance, les tablées de famille, ... ça me parle.
    J'en discute souvent avec ma mère, se sont des regrets du temps passé, j'aurai tellement voulu que ça continue aussi.
    Il ne reste que les souvenirs.

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    1. J'étais émue en l'écrivant :-) Heureusement qu'il reste les souvenirs...

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  3. Ah les souvenirs des vacances quand on était enfant... C'est quelque chose !
    Pour moi le Portugal, ce sera cet été pour la première fois, dans un petit village. J'ai hâte !

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    1. rien de tel que les petits villages !!! Nous on y retourne cet automne avec le petit, j'ai hâte aussi !

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  4. Cet article me parle...m'évoque aussi plein de souvenirs...La Gloire de mon Père et le château de ma Mère, 2 vrais livres de grand lus dans ma petite école nivernaise avec maître Barbier...Je venais de la ville avec un niveau très moyen, c'est lui qui m'a fait aimer l'école et surtout lire!!!...Eplucher ces livres avec lui a été comme un voyage, cela a ouvert mon imagination et du coup après j'ouvrais tout ce que je trouvais en me disant que les livres c'est le savoir mais aussi le rêve...Mon quotidien n'étant pas rose, je m'enfermais dans ma chambre pour lire, le soir avec la lampe de poche sous les draps verdict je suis devenue myope...On devrait donner le gout de la lecture aux enfants sans être trop scolaire comme moi j'ai eu la chance de le faire avec Maître Barbier...Souvenirs que cela fait du bien...Coralie68

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    1. Contente que tu ai repensé à tout ça :-) Bisous ma belle !

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  5. Merci , Prune , pour ce beau témoignage . Je suis une ''presque'' vieille dame mais les souvenirs sont là , toujours vivants au fond de mon coeur : les tablées qui réunissaient tous les frères et soeurs de ma grand-mère et leur progéniture , les enfants turbulents mangeaient à la cuisine et recevaient , au gré de leur passages , des coups de torchon des mamans ( les glousses!) pour les calmer ! ! La course , en fin de repas , pour aller chercher les glaces chez le boulanger patissier du village : plombière et glace vanille/fraise dans des moules en métal ! La sieste des petits , entassés par trois dans des lits que nous appelions '' à trois cuisses '' ( 120 de large ) on aspirait à être '' grand '' pour aller se baigner à la rivière ( après la digestion , bien sûr ! quoique ! ) le soir , à la fraicheur , on s'installait dans le jardin dans les fauteuils d'osier , les voisins se parlaient ....Je reviens de mon enfance ...cordialement Marie Hélène

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    1. Peu importe les générations, ces souvenirs ont le même goût je crois :-)

      Merci de ta visite !

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Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !