C'était le we après ta première semaine chez la nounou. Je me souviens que ça m'avait choqué, peinée, énervée, comme si on t'ôtais à moi, comme si en une semaine tu avais grandit sans moi.
Évidemment j'avais déjà deviné des changements.
Tu fais des câlins, des vrais, ceux qui font éclater le cœur et qui donnent envie de pleurer.
Tu commence à parler (en ce moment c'est la phase dadadadada)
Tu tends les bras dès qu'on s'approche de toi.
Tu es capable de faire une crise juste pour ne plus être dans ton lit.
Mais ce qui m'a choqué ce jour là c'est ton regard.
Ce regard que j'aurais voulu garder pour moi mais que tu offrais désormais au monde.
Quand tu croises un inconnu, tu le fixe des yeux jusqu'à ce qu'il te rende ton regard.
Quand tu vois les chats, tu n'es jamais aussi heureux que quand tes yeux croisent les leurs.
Cette connexion avec le regard des autres devient ton essentiel. Ton but ultime. Ta joie de vivre.
Je ne suis plus ton seul centre d'intérêt et c'est tant mieux.
Et je sais que maintenant je peux tourner la poussette face au monde.
Tu es prêt à détacher ton regard du miens.
Mais pas moi.
Pas encore.
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