mardi 1 avril 2014

Ce bonheur auquel je pense ne pas avoir droit


La culpabilité doit être l'un des sentiments les plus pénibles qui revient régulièrement quand tu deviens maman. Tu es toujours convaincue de ne pas faire ce qu'il faut quand il faut. Mais il y a une autre forme de culpabilité dont je ne me défais pas. 

Tout à commencé quand, enceinte de 3 mois, j'ai constaté que la femme de ménage habituelle était absente. Curieusement, je demande à sa remplaçante ce qu'il en est. "Elle est en arrêt maladie, elle a perdu son bébé".

Passé le premier choc, une bouffée de culpabilité m'a envahie. Sous sa blouse, je n'avais pas constaté qu'elle aussi était enceinte de 3 mois. Pendant qu'on avait des égards pour moi, elle continuait à porter de lourds sacs poubelles et à effectuer ce travail éreintant. Pendant des mois, j'allais balader mon énorme ventre sous les yeux, lui rappelant quel aurait été son stade si elle n'avait pas perdu le sien. 

Quelques mois plus tard, rebelotte, une de mes amies m'apprend sa fausse couche. Elle est mariée, bien dans son couple, stable, sans histoire... elle mérite tellement plus cet enfant que moi et mon histoire familiale tordue ! 

Et c'est comme ça sans arrêt. 

Quand je voyais mon fils à l'échographie une fois par mois quand d'autre ne pouvaient le voir que 3 fois dans une grossesse. 

Quand des amis m'annoncent les problèmes de santé de leur enfant, 

Quand certains ont du mal à en avoir, 

Quand certaines racontent les heures interminables de travail (coucou Maéva !)

Quand certaines racontent la boucherie de leur accouchement, les mauvais traitements qu'elles ont subit à cause de l'incompétence et du total irrespect de l'équipe médicale (ici et notamment)

Quand Ingrid Chauvin a annoncé la mort de sa fille de 5 mois.

Je culpabilise d'avoir eu une grossesse sans histoire.

Un accouchement rapide (7h30) et quasi parfait (je ne dirais pas sans douleur, n'allons pas jusque là). 

Une déchirure recousue avec dextérité et respect de mon intimité et de mon confort. 

Un enfant en bonne santé qui n'a pas été malade avant ses 8 mois. 

Comme si je n'avais pas droit, 

Comme si c'était trop beau, 

Comme si j'attendais, depuis 18 mois, qu'il me tombe une grosse m*rde sur le coin de la tronche. 

Un jour, peut être, j'arrêterai de me sentir coupable d'être heureuse.


La Prune

9 commentaires:

  1. Je te comprends tellement ! J'ai toujours trouvé ça "bizarre" de tomber enceinte rapidement, d'avoir une grossesse idyllique, un accouchement normal et une petite en bonne santé. Je me disais que c'était trop beau pour être vrai ! Je me suis sentie tellement mal d'annoncer ma grossesse à ma cousine qui a 14 ans de plus que moi et qui essaie depuis des années d'avoir un bébé et qui est en procédure d'adoption. Il faut vraiment que j'apprenne à profiter et à ne pas attendre la poisse...

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    1. c'est fou qu'on ne puisse pas juste savourer, qu'on ne trouve pas ça normal !

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  2. Voilà je pleure. Comme je te comprend, j'ai eu une gros soucis pour ma première grossesse, Loupiote est née beaucoup trop tôt, elle était trop petite mais aujourd'hui elle va bien, elle est en vie. Et je côtoie des femmes qui ont eu les même soucis que moi et qui elle on perdu leur enfants qui pourtant pour certain était bien en meilleur forme que Loupiote à leur naissance. Bien souvent je me demande pourquoi moi j'ai eu cette chance et pas elle.
    J'ai vécu pas mal de truc moche, voir très moche dans la vie et pourtant je me sens bien souvent coupable de m'en sortir mieux que pas mal de personne.

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    1. oh bah non, je voulais pas te faire pleurer !
      Je comprends ce que tu veux dire, j'ai été très peu confrontée au deuil pour l'instant (fort heureusement) et de la même façon je me sens coupable de n'avoir pas plus souffert... alors qu'on ne le souhaite à personne et que tant mieux, en fait !

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  3. Pareil, j'ai mis du temps à annoncer ma grossesse parce que je me sentais coupable vs-à-vis de ces femmes qui ne peuvent pas en avoir... J'attends également le retour du bâton :(

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  4. Et pourquoi tu n'aurais pas le droit à tout ce bonheur ? Et pourquoi y aurait-il un '' retour du bâton '' inévitable "" ? La culpabilité est un frein , tu le sais bien , nous le savons tous ....profite de tout , c'est autant '' d'engrangé '' . Je t'assure qu'à mon âge ( celui du rocking-chair que les miens ont décidé de m'offrir pour mon 70ème anniv ) , les bons moments restent gravés , j'y repense quand j'affronte des tempêtes et .....ça marche ! Si tu permets ce petit conseil : le jour du baptême de petit Brugnon demande dans ton coeur que la confiance te soit donnée MarieH

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  5. Coucou :) je suis ton blog depuis un bon moment et cet article m'interpelle...
    Je suis enceinte de 7 mois de ma petite princesse, j'ai mis deux mois à tomber enceinte et parfois je me demande aussi ce qui va me tomber sur la tête... Je réalise la chance que j'ai dans ma vie (un amoureux adorable, un boulot qui me plait, un bel appart, un bébé en route) mais j'attend parfois aussi le retour de bâton.

    Après, je pense qu'il faut profiter de ce qu'on a et ne pas de prendre la tête. Ma devise c'est Carpe diem, j'essaye de l'appliquer le plus possible ^^

    Bonne continuation à toi :D

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  6. ton article m'a beaucoup touchée même si ce n'est pas facile essaye de profiter au max sans culpabiliser moi en ce momen tje suis en mode "déprime" mais je relativise par rapport aux autres j'ai la chance aussi d'avoir une famille en bonne santé même si au boulot c'est pas ça...

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Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !