jeudi 3 mars 2016

Aurevoir Normandie




(je te conseille de lire cet article avec cette chanson, parce que j'ai l'âme mélancolique en ce moment, et c'est en l'écoutant que j'ai eu envie d'écrire cet article)


Chère Normandie, 

Tu sais, depuis quelques temps ma vie est toute bouleversée, et malheureusement, les décisions que j'ai prises te concernent toi aussi, bien que tu n'ai rien demandé. 

Il y a 6 ans, quand j'ai débarqué chez toi, j'étais toujours la fille de la "région parisienne". Et j'avoue, je n'ai jamais aimé ça. J'aurais voulu avoir une vraie origine, une vraie région, une vraie culture. Assimilée parisienne par les provinciaux et "banlieusarde" par les parisiens, je n'étais pas fière de dire d'où je venais.

En venant chez toi, sur un coup de tête (un peu comme toute ma vie) je ne me doutais pas de ce que tu allais m'offrir. 

J'ai vécu chez toi les plus belles années de ma vie. 


Il m'a fallu 6 années pour me sentir vraiment normande. 6 ans pour connaître tous les noms de patelins du coin.. J'ai fait des kilomètres, je connais toutes tes routes, j'ai des souvenirs partout.

6 ans pour mettre Paris derrière moi, j'angoisse même à l'idée de prendre de le train ou de me retrouver dans les bouchons ! 

J'étais tellement fière. Tellement fière d'accoucher en Normandie. Tellement fière quand ma carte d'identité a été refaite et que je suis devenue officiellement Normande. Tellement fière que mon fils connaisse mieux les vaches que les bus, mieux les tracteurs que le RER. 

Et j'étais fière de vivre sur cette terre d'histoire, l'invasion des anglais, le débarquement des GI's, toute cette richesse dans ta culture... 

Grâce à toi, j'avais l'impression de vivre presque en touchant la Bretagne (bah quoi, ça touche, on est voisins même !)

Auprès de toi, je me suis révélée à moi même. 


J'ai découvert que j'étais une campagnarde, enfouie sous des années d'urbanisation.

Ta mer, tes pommiers, tes maisons à colombage, ta vie si paisible... Et ton ciel, bordel. Ton ciel immense, qu'on peut voir à 360 degrés quand on passe au milieu des champs. Ton ciel changeant, plein de couleurs, plein de nuages. 

Qu'est-ce que je l'aime ce ciel.

Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fout les boules de retourner dans une ville, en région parisienne. Je vais étouffer dans un appart miteux, avec vue sur un mur gris, au milieu de la foule oppressante. 

Tu vas tellement me manquer. Je commençais même à dire "heula !" tu sais ? 

Mais voilà, c'est une des concessions que je dois faire, pour retrouver ma liberté, mon indépendance, me retrouver moi-même. Je n'ai pas le choix.

Mais je ne serais pas une voiture de plus sur l'A13 le vendredi soir. 

Non, moi je viendrais te voir, en catimini, par les routes de campagne que je connais si bien. Je viendrais comme une vieille amie, comme une VIP, je sais que tu voudras bien me donner ce privilège. 

En attendant, je vais savourer ces derniers mois près de toi, engranger sous mes paupières toutes les images. Renifler l'odeur du foin. Me repaître du spectacle des vaches et de leurs veaux tous neufs. 

Je serais fière d'être Normande, jusqu'au bout. 

C'est un aurevoir Normandie, ce n'est pas un Adieu.

Good Night and Joy be to you all.


1 commentaire:

  1. Je suis bien triste de ce qui t'arrive...Pour ton petiot aussi...Bon courage et si tu veux voir le ciel alsacien la porte est ouverte...Bisous

    RépondreSupprimer

Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !