mercredi 5 octobre 2016

C'est mon fils

Cet été, j'ai passé pratiquement 2 mois sans voir mon fils. Mes parents avaient décidé de ne pas partir au Portugal - comme c'était prévu - quand j'ai été embauchée à l'hôpital. Cela leur permettait de profiter à fond de leur petit fils et à moi de travailler tranquillement et d'attendre la rentrée pour trouver une solution de garde périscolaire en horaires décalés (que je n'ai toujours pas vraiment trouvé d'ailleurs).

Ces deux mois de liberté, associés à mon célibat tout neuf, m'ont fait percevoir ce qu'était réellement une vie de jeune femme sans enfant, telle que je l'étais il y a 10 ans. 

Il faut savoir que j'étais beaucoup, beaucoup plus sage à 20 ans que je ne le suis aujourd'hui. J'étais fidèle à l'homme avec lequel je vivais, je n'avais pas vraiment de vie sociale et quand Brugnon est arrivé, je n'ai pas vraiment vu la différence, vu que j'avais déjà une vie de moine (enfin, de nonne). 

Sauf qu'aujourd'hui j'ai 30 ans, j'ai envie de bouffer la vie et de profiter pleinement de tout ce dont je me suis privée pendant toutes ces années de sagesse extrême.

Du coup, depuis la rentrée, je souffre un peu. Entre les horaires d'école, ceux de l'hôpital et l'absence de mes parents - qui ont fini par partir - j'ai l'impression de sombrer sous le poids du quotidien. 

Je dois choisir chaque jour entre rattraper tout mon retard de sommeil, m'occuper de la maison, des courses ou des différentes démarches extérieures. J'ai l'impression de négliger toutes les parties de ma vie au profit d'aucunes. Le temps et l'énergie me filent entre les doigts. Professionnellement j'adore mon boulot mais j'ai du mal à tenir le rythme, personnellement mon fils ne supporte pas mes absences et au niveau organisationnel, mon appart c'est bagdad (je m'appelle Baaaaaaaaaaaaaaaaaaagdaaaaaaaad) (c'est cadeau). 

Souvent je me demande à quoi aurait ressemblé ma vie sans mon fils. 



Si j'avais tout arrêté à temps, si j'avais réalisé bien avant que ma vie ne prenait pas la bonne direction. 

Évidemment tout serait plus facile. Je pourrais sortir quand je veux, dormir la nuit d'une traite, me lever tard le matin quand je suis du soir et faire la sieste l'après midi quand je suis du matin, enchainer les gardes sans avoir à anticiper ou à calculer quoique ce soit. 

Pas de crise parce que j'ai tiré la chasse d'eau ou fermé la porte de la voiture à sa place. Pas de réveil à 4h du matin parce que "un chat rouge et vert est entré dans ma chambre et m'a fait peur" ou juste parce que "j'ai assez dormi maman, c'est bon !". Pas de bassine à vomi ou de mouchage de nez. Pas de "pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ?" (je continue, si tu veux, je suis encore en dessous de la réalité). 

Oui mais voilà, cet après-midi sur la plage il est venu s'asseoir sur mes genoux et on a fait un gros calin en regardant l'immensité de l'océan. Et j'ai réalisé. 

C'est mon fils. 



C'est aussi simple que cela. 

Oui tout est plus difficile avec lui. Oui c'est une catastrophe pour ma vie amoureuse et pour ma vie sociale tout court d'ailleurs. 

Mais c'est mon fils. C'est juste une partie de moi. Aussi chiant et épuisant qu'il puisse être. 

Alors peut être qu'on finira notre vie tous seuls tous les deux, à se prendre la tête, à supporter des crises. Peut être que ce sera un Tanguy parce qu'il n'osera pas quitter sa maman ou que moi je n'arriverais pas à le laisser partir (mais j'ai des doutes, quand même). Peut être que je passerais ma vie à angoisser pour lui, pour sa vie, pour ses choix, pour mon compte en banque qui ne suit jamais. Peut être qu'il me mettra à l'hospice ou que je finirais comme ma voisine, entourée de mes chats et cloitrée chez moi à attendre qu'il vienne visiter sa pauvre mère. 

Mais aussi compliquée que soit ma vie avec lui. 

Sans lui elle est parfaitement impossible. 

5 commentaires:

  1. Juliette/Roulietta6 octobre 2016 à 07:30

    Tu as mis des mots sur ce que je ressens depuis que je suis separée du père de ma fille....
    merci...

    et bisous!! :)

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  2. Pourquoi ne pas se poser la question inverse? Comment aurait été ta vie avec un père?...Tu fais tout comme nous ma Prune: comme on peut! Mais à ses yeux je suis sure que tu fais bien car tu lui donnes le plus important: tu es là pour lui!

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  3. Cc😉separer depuis 5 ans du papa de ma fille agee maintenant de 9 ans je vis aussi cette vie de maman solo bon elle et moi sommes partis de paris pour revivre a 30 km de chez mes parents et famille et je doit te dire que mm si ma situation de separation tres special je ne regrette rien mais oui durrrr durrr la tu voit a force de tout penser gerer je me suis retrouver aux urgences lundi avec mm symptomes que infractus mais une grosse crise d angoisse que je n ai pas tant vu que ca venir ... je suis de nature non stop pete le feu j assure ... je pense assure mais non c est dur ... j ai besoin aussi de sortir bouger seule sans ma fille qui me demande bcp d energie ... mais la plupart du temps hs alors la tu voit en arret pour epocondylite je me prend un bon bain et je m pose mais dur d gerer tout je confirme avec toutes ses "valises" qui ne se voient pas mais qui nous casse le moral ou la tt bref maman solo mm parfois aider(je demande tres peu) c est hard mais bon... elle est la tant desirer et je ne serait plus rien sans elle. Gros bisous a vous 2 cora lya

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  4. Ah j'ai ris sur le "on finira peut être tous seuls les deux"! C'est mon plan d'avenir.. et le remplacer par un chat quand il en aura eu marre de supporter maman!

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Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !