mardi 17 juin 2014

La Guimauve et le p'tit Ourson

Guimauve, je l'ai rencontrée il y a 11 ou 12 ans, un peu par hasard. Seule tête à peu près connue lors de ma rentrée en 1ère, on s'est installées côte à côte en classe et on ne s'est jamais quittées. Toujours fourrées ensembles. Les deux bigleuses qui se mettaient au dernier rang dans la classe d'économie de Monsieur Dufour et qui devaient demander devant parce qu'elles n'arrivaient pas à lire le tableau.

Nous étions très différentes. La petite et la grande. Mon père, qui venait me chercher le samedi matin au lycée, nous appelait Laurel & Hardy. La catholique et la musulmane.

Mais nous avions de nombreux points communs et cette alchimie inexplicable qui lie certaines personnes entre elles et qui font qu'avec d'autres, ça ne marche pas.
 
Nous avons vécu plein de choses. Comme lorsque nous avons passé notre premier oral pour le bac, et que le 4ème larron du groupe - qui nous avait imposé un sujet - a finalement décidé de déguerpir devant la salle d'examen. (mais maintenant on est incollables sur les V1 et les V2 de la seconde guerre mondiale) (et on a eu 14 à l'examen).

Une fois le bac en poche (avec une mention très bien pour elle) nous aurions pu nous perdre de vue. Ce fut d'ailleurs un peu le cas les deux premières années. J'étais en pensionnat, elle était dans une grande école de journalisme, nous avions peu de temps l'une pour l'autre. Mais nous ne nous sommes jamais vraiment quittées.

Et puis j'ai commencé à travailler et je me suis installée. Le samedi soir, elle venait à la maison, on allait chercher Mc Do au bout de la rue et on revenait pour manger devant 50 minutes inside.

Quand j'ai déménagé en Normandie, ça n'était plus aussi facile. C'est avec elle que j'ai fêté mon permis avec un voyage au bord de la mer au cours duquel nous avons massacré Whitney Houston (la pauvre). 

Un jour elle m'a dit qu'elle avait trouvé l'homme de sa vie et ils se sont mariés. Nos hommes se sont acceptés mutuellement, parce qu'ils n'avaient pas trop le choix, il faut dire.

Quand j'ai eu Brugnon, nos chemins auraient encore pu se séparer. J'étais maman et elle non. Nos vies étaient à nouveau différentes. 

A ma plus grande joie, elle est tombée enceinte pile quand j'ai mis Brugnon au monde. Elle a coutume de dire que je lui ai ouvert la voie, que j'ai affronté des épreuves pour qu'elle puisse les vivre plus sereinement après moi. J'ai été son cobaye. (vois la perversité du personnage tout de même, hein).

Samedi, nous avons fait notre première sortie entre filles avec nos enfants. Deux poussettes dans une même voiture (merci Simone). Des bébés qui s'endorment en même temps. Qui crient en même temps, aussi. Et c'était super. Super de partager ça, ensembles, comme nous avons tout partagé ces 10 dernières années. 

Nos garçons ont 9 mois d'écart et ils sont partis pour être les nouveaux Laurel & Hardi.

Brugnon est un géant et l'Ourson est dans la courbe normale. Brugnon est aussi blond que l'Ourson est brun. Aussi différents que leur mère. Aussi proches, aussi, je l'espère. J'espère qu'ils grandiront toujours ensembles.

J'espère qu'ils partageront leur culture comme nous le faisons et que ça les enrichira autant que ça nous a enrichi toutes ces années. Que Brugnon assistera aux fêtes musulmanes avec autant de joie que j'ai participé au mariage de sa "tata" et que p'tit Ourson viendra avec plaisir aux fêtes catholiques comme sa mère le fit au baptême de mon fils.

J'espère qu'ils auront notre ouverture d'esprit, qu'ils accepteront l'autre tel qu'il est et qu'ils en ressortiront grandi.

A défaut d'avoir des cousins de son âge dans la famille, il aura un cousin de coeur, et c'est même mieux comme ça. J'espère qu'il lui apportera autant que Guimauve m'a apporté ces 10 dernières années.

Bisous poulette.





2 commentaires:

Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !