mardi 1 juillet 2014

La fille qui aimait ses parents

Brugnon est dans une phase très difficile. Il crie beaucoup surtout pour avoir les bras, MES bras, tout le temps, toute la journée. Il ne supporte pas d'être plus de 5 minutes au même endroit, d'avoir la même occupation plus de 5 minutes. Il se couche tard, se lève tôt, et ne fait pas de sieste en journée. Il ne s'endort plus dans les bras, ni en poussette, rarement en voiture (quand je conduis, donc). 
 

J'ai l'impression de mener un combat toute la journée.

Quand arrive le soir je suis épuisée et abattue car je sais qu'on enchaine sur une nouvelle nuit pourrie. Je ne fais plus d'illusion.
 
Nous n'avons plus de vie de couple, plus de soirée à 2. Il faut enchainer les journées de travail sur les soirées éreintantes et les nuits hachées en cododo. Je redoute même l'arrivée du vendredi soir quand je sais qu'il me faudra gérer mon fils pendant deux jours d'affilée. Je suis plus épuisée le dimanche soir que le samedi matin. J'en arrive presque à rêver des bouchons de l'A13 parce qu'au moins je suis seule et dans le silence.

J'ai bien pensé à le vendre sur Le Bon Coin mais il parait que c'est illégal


Un jour venu j'ai explosé. Pour de vrai.. Musique à fond pour couvrir les cris et grosse envie de planter la voiture en warning au milieu de la campagne et de me planquer quelque part où il ne pourrait pas me retrouver.

Du coup le lendemain, je suis allée faire un tour chez mes parents. Histoire d'éviter de craquer définitivement. 

Les débuts ont été difficiles, il a pleuré et crié comme à son habitude. 

Puis il a dormi quelques heures sur le canapé et Moune nous a enveloppé d'un plaid venu tout droit de Harvard. On a fait la sieste pendant une heure ou deux dans les bras l'un de l'autre. Il a joué pendant 20 minutes à retirer la clé du meuble de télévision que je prenais soin de remettre. Il a fait un tour du jardin sur les épaules de papi. Il a tiré les poils du chat et fait quelques pas hésitants à bout de bras dans le salon. Il a fini ma soupe aux légumes et cumin et goûté mon mi-cuit au chocolat. 
 

C'était une journée simple, calme et apaisante. 


Il n'a pas dit un mot pendant le trajet du retour et s'est endormi assez tard, mais du premier coup. Il s'est réveillé plusieurs fois dans la nuit mais il est resté dans son lit et ne s'est réveillé qu'à 6h15. Sans crier.

Mes parents me gâtent beaucoup. Ils sont là à tous les moments forts de ma vie. Mais ils sont aussi là dans les autres moments. Les moments moins importants, plus compliqués aussi. Les moments où j'ai VRAIMENT besoin d'eux.

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2 commentaires:

  1. Un témoignage fort et qui me parle même si je n'en suis pas arrivée là...Et je trouve ça chouette de pouvoir compter sur ses parents sans jugement, juste dans l'accueil et le réconfort. Plein de courage pour la suite :-)

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    1. C'est tout à fait ça, pas de jugement, pas de débats inutiles... des gestes simples, naturels, quotidiens, dans lesquels on retrouve la force pour avancer :-)

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Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !