vendredi 12 septembre 2014

Tu ne maigriras point.

Il y a deux ans, j'écrivais un article qui expliquait pourquoi je souhaitais arrêter les régimes. Un article qui expliquait pourquoi, après tant d'années d'acharnement, de pression, d'obsession, mon poids ne me faisait plus peur. 

Deux ans plus tard, j'ai fait un bébé. Et moi personnellement, enceinte, je devenais Gargantua. A la fin de la grossesse, j'approchais dangereusement du quintal. Une baleine. Je devais m'imposer un régime draconien (toxoplasmose, toussa) alors je me suis lâchée sur tout le reste, je n'en ai pas honte.

Depuis, je fluctue. J'ai perdu, j'ai repris. Je ne fais pas vraiment attention. Parce que j'ai d'autres priorités, parce que je ne dors pas, parce que je travaille, et parce que franchement, je m'en fout. Je me sens bien dans mes baskets. 

Alors quand hier, pour la énième fois dans ma vie, on m'a fait une réflexion sur mon poids, quand on m'a dit gentiment que j'étais mieux "avant" et que je devais redevenir comme il y a 6 ans, je me suis sentie blessée.

Parce qu'il y a 6 ans, je me sentais bien plus mal dans ma peau qu'aujourd'hui. Parce qu'il y a 6 ans, quand j'étais "canon", c'est un cachalot que je voyais dans le miroir. 

Ce n'est pas une perte de poids qui m'a fait me sentir mieux dans ma peau.

C'est l'amour d'un Pruneau qui m'a permis de voir à travers ses yeux la fille que j'étais en réalité. 

Il m'a fallu 20 ans pour m'accepter, je ne reviendrai pas en arrière.


Aujourd'hui, je suis passée du côté obscur de la force (comprendre, au dessus de la taille 44) et tu sais quoi ? Bah en vrai, ça ne change rien. Je me sens pareil. J'ai pas l'impression d'être plus malheureuse. Pour les enseignes de prêt à porter, par contre, je n'ai plus ma place. Et je te parle même pas du soutien gorge. Pour les vendeuses, quand tu dis 105E on te regarde comme si tu parlais des Korrigans, c'est une légende urbaine. 

Mais je m'en fiche. 

Je suis ronde, je l'assume.


Et je ne changerai pas. Parce que, quoique tu en dises pour me convaincre, les régimes n'apportent rien. Les régimes sont longs, difficiles, douloureux. Ils torturent le corps et l'esprit. Ils obsèdent. Ils mettent du temps à s'installer mais te reviennent en pleine tronche dès que tu fais un petit écart. Et les régimes ne changent pas le regard des autres, c'est faux.

La société me renvoi exactement la même image que je fasses 65 kg ou 95kg. J'entends les mêmes réflexions, j'ai droit aux mêmes sous-entendus, aux mêmes questions humiliantes, aux mêmes conseils débiles. Les gens ne voient que ça. Mon poids, ma graisse, mes bourlets. Je suis cataloguée, définitivement, depuis ma plus tendre enfance. Je ne veux plus user mon énergie à tenter de me plier à une société aussi basse de plafond. 

J'en ai MARRE, marre de cette pression. Marre de devoir me réjouir quand on voit UNE femme qui ne soit pas maigre à la télévision (genre dans la pub Sosh) et que Mirabelle rétorque "dis donc, elle est moche celle-là, elle est grosse !"

Franchement, tu les trouve grosses, toi ?!


Les hommes se contentent de nous offrir ce que la nature leur a donné. Une femme qui ne se maquille pas, n'est pas mince, ne porte pas de talons, ne s'épile pas les sourcils ne mérite pas le titre de "vraie femme". C'est honteux. C'est injuste.

Je suis une VRAIE femme (franchement, j'ai mis un enfant au monde, cites-moi quelque chose qui soit plus féminin que ça ?!!!) Une VRAIE femme sans maquillage, sans talons. J'ai un gros popotin ? Qu'à cela ne tienne, c'est confortable quand je m'assois. J'ai de gros bras ? Parfait, ça fait des câlins moelleux (pas vrai Pruneau ?). .

Une chose est sûre, je ne maigrirais pas pour faire plaisir. Si je ne plais pas, c'est à toi de détourner le regard. Je n'ai pas à raser les murs. Je n'ai pas à baisser les yeux. Je n'ai pas à avoir honte. Je n'ai rien fait de mal. Je peux être autre chose qu'un corps. Autre chose que des seins. Autre chose qu'un chiffre sur une balance.

Je suis grosse, et je t'emmerde. 


Aller, pour fêter ça, Gastronomie Américaine !


12 commentaires:

  1. Je trouve ton article très intéressant, ça change de ce qu'on lit. Merci pour ton témoignage et tes jolis mots !

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  2. chapeau, le 44 est parfois étroit mais je ne me sens pas vraiment bien dans ma peau :/

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    1. C'est vraiment une question de confiance en soi... Je me sens bien mieux en 46 qu'en 40... je suis plus affirmée, plus joyeuse... je me fiche davantage du regard des autres... J'ai fait tellement d'efforts pendant tellement d'années qui n'ont mené à rien... Je ne peux pas te dire comment faire, ni si tu y arriveras... C'est un travail très compliqué, je compatis grandement !

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  3. Article trés touchant et qui décris tellement bien la situation des rondes à l'heure actuelle!
    C'est tellement fatiguant de devoir justifier d'être ronde, comme si être grosse en dehors d'une maladie s'était une honte!
    Tu as de la chance d'assumer tes rondeurs dans cette société stéréotypée il est de moins en moins facile de s'accepter tel qu'on est et pour ça je te dis bravo!
    En tout cas merci pour cette mise au point qui fait toujours du bien à lire! =^^=

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    1. De rien et merci à toi ! Je fais ma maligne comme ça, mais si j'ai fait cet article c'est quand même que la remarque qu'on m'a fait m'a touchée plus qu'elle n'aurait du... mais ça ne m'empêche plus de vivre en tous cas ^^

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  4. L'important (et le plus difficile...), c'est de se sentir bien dans sa peau. Merci pour cet article <3

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  5. Bah moi ça m'a donné envie d'aller manger un gâteau tiens :) Je suis un peu comme toi même si j'aimerai juste me raffermir car c'est plus ça qui m'embête que mon 44... Alors je me suis mise au vélo, parce que je suis trop gourmande pour être au régime en fait :D C'est super de s'assumer et surtout de voir qu'on est belle dans les yeux de l'autre, je dirai même que c'est le principal !!

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Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !