mercredi 1 avril 2015

Le Regret

C'était il y a deux ans et ça me taraude de plus en plus. Dans le feu de l'action je n'y ai pas pensé, je ne pensais à rien. Mais maintenant, avec le recul, je refais les choses différemment. 

Et je n'ai qu'un seul regret. 

Je ne l'ai pas appelée. 

Je ne lui ai pas demandé de venir. 

J'y ai pensé hier, parce que, pour la seconde fois de ma vie (seulement), mes parents ne seront pas là pour Pâques. Au delà des chocolats, Pâques à toujours été une fête de famille importante, et d'autant plus depuis que je fais un cheminement vers la foi et que j'ai pris conscience que Pâques était la plus importante fête de l'année, devant Noël. Nous avons toujours fait le vendredi saint, et c'était d'ailleurs la seule célébration chrétienne que nous faisions. Et maman ne sera pas là. 

Ce jour là, je suis restée seule dans la douleur pendant 7h30. Retranchée en boule sur mon lit, je ne pensais qu'à ces coups de poignards qui m'assaillaient de partout et à Pruneau qui n'allait pas être là. Je voulais que ça avance vite, et je n'ai pas pensé à l'appeler. De toute la journée. 

Pourtant je l'avais appelé courant mai. Elle était au soleil, je n'accouchais qu'un mois plus tard, mais j'ai supplié d'un pitoyable "maman, tu rentres hein ? tu me laisses pas accoucher toute seule ?!". J'avais besoin qu'elle soit là, pas très loin, sur le même territoire tout au moins. Pas à 1600 km. 

Je lui ai dit que le travail commençait. Mais je pensais que Pruneau aurait le temps de revenir. 

En y repensant, j'aurais du lui demander. J'aurais du oser lui demander de faire les 80 km qui les séparaient de l'hôpital. J'aurais même voulu qu'elle me dispute parce que je suis une chochotte qui ne supporte pas la douleur alors que elle, elle a accouché 3 fois sans péri. J'aurais voulu qu'elle me tienne la main, avec sa poigne de fer qui lui fait ouvrir des bocaux et tenir des plats bouillants sans sourciller. J'aurais voulu sentir cette main si forte devenir si douce et fraîche sur mon visage bouillant. J'aurais voulu qu'elle m'encourage, qu'elle me dise que c'était bientôt fini, comme quand j'étais petite et que je me faisais un bobo. 

Je ne l'ai pas appelée. Ou plutôt si, j'ai hurlé son nom pendant une contraction. A 26 ans, j'ai crié "maman" au sommet de la douleur. Comme un rempart. Comme pour me donner de la force. Comme quand on invoque Dieu, en fait. 

Mais je ne lui ai pas demandé de venir. Je n'ai pas osé. Je n'ai pas pu. 

Mais si c'était à refaire, si mon moi du présent pouvait parler à mon moi d'il y a deux ans, je lui dirais de l'appeler. 

Je lui dirais "ma fille, appelles ta mère, et dis-lui de venir, tu vas en avoir besoin".

Je lui dirais qu'elle finira par le regretter.

Je vous laisse, je vais appeler ma mère. 





2 commentaires:

  1. Rien a voir, mais ton article me fait penser a la citation qui dit :
    "Maman est le deuxième nom de Dieu dans la bouche et le coeur de tous les enfants..." :)

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  2. C'est un peu ça :) d'ailleurs c'est par la que je suis arrivée a la religion quelque part, par l'adoration de Marie qui est pour moi comme une 2ème mère...

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Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !