vendredi 1 janvier 2016

Le Bilan 2015

Comme chaque année je fais un article bilan qui, le plus souvent, n'intéresse que moi, et qui me permet de revivre toutes les émotions de l'année parcourue et de te les faire partager. ça va être plus court cette année, parce que j'écris beaucoup moins (et je m'en excuse). 

Alors c'est parti : 

En janvier : 


- Comme tout le monde, j'ai commencé l'année en pleurant

- Je t'ai fait découvrir un petit pont

En février : 


- J'ai poussé un gros coup de gueule (et je n'ai toujours pas maigris) ; 

- "Aké" est devenu ma hantise ;

- J'ai parlé de la Tata Marcelle (et j'aimerais bien trouver une suite) (c'est en cours) ;

- J'ai continué de préparer mon baptême d'adulte ;

- Je suis allée dans la Manche rencontrer une super copine

- J'ai passé les tests psychotechniques pour le concours d'Auxiliaire de Puericulture ; 

En Mars : 


- J'ai repensé à mon groupe de musique

- J'ai vu 50 nuances de Grey (et je me suis poilée) ;

- J'ai découvert qu'en fait je suis pas si complexée que ça, comme fille ;

- J'aime avoir les doigts qui sentent la patate (et c'est pas seskuel) ; 

- Brugnon a fait son Terrible Two

En avril : 


- On est allées à l'expo Harry Potter avec Emy ; 

- J'ai fait un bilan chat/bébé (et 2 ans et demi plus tard, Brugnon a dit ce matin "Oh, Gary, tu es fatigué ? Fermes les yeux, fais dodo, geeeeeentil...) ;

- J'ai passé l'oral pour le concours d'auxiliaire de puericulture ; 

- J'ai eu les résultats du concours ; 

En mai : 


- J'ai visité la grotte Chauvet

En juin : 


- Brugnon a eu 2 ans

En Juillet : 


- Je t'ai fait écouter mon gamin  parler et je t'ai parlé de l'avantage à avoir un gamin qui s'exprime ; 

- On a passé un we pluvieux (mais heureux) à Chantilly et

En août : 


- J'ai définitivement perdu une bataille (et c'est pire que tout aujourd'hui) ; 

- J'ai commencé à faire mes bougies

- On a passé de chouettes vacances

- J'ai du abandonner mon fils pendant 5 jours ; 

En septembre : 


- J'ai vécu ma première rentrée depuis 10 ans ; 

- J'ai fait mon entrée en Eglise

En Novembre : 


- J'ai lâché prise

- J'ai pas compris les attentats (et je les comprends toujours pas) ; 

En Décembre : 


- On a dormi en yourte

Et voilà, une activité réduite cette année, mais j'espère que 2016 me réservera autant de surprise que l'année dernière, que je vais réussir à faire tout ce que j'ai entreprit. Je souhaite à Brugnon une année riche, une belle entrée en école. Je souhaite à Pruneau de prendre confiance en lui et d'avancer dans sa vie. Je nous souhaite des fou-rires à n'en plus finir, de survivre à toutes les épreuves qui nous attendent et d'en ressortir grandis. Je nous souhaite de trouver un cocon bien à nous qui réponde à tous nos critères (et c'est pas gagné). 

Et à toi, je te souhaite plein de bonheur avec ta famille. 

Bisous, 

Prune
































jeudi 31 décembre 2015

La Prune a testé pour toi - Une nuit en yourte

Bonjour toi ! 

ça fait super longtemps, je sais, je sais, mais je peine à trouver du temps et mon cerveau est tellement embrumé par les études qu'il n'a guère le temps de penser à des idées d'articles. 

Mais là, pour le coup, j'en avais une toute prête. 

Cette année, Pruneau a passé la quarantaine. Alors bon, ya 10 ans, je lui avais promis que je lui offrirais une Mustang pour ses 40 ans. Sauf qu'il y a 10 ans, j'étais sûre que je serais riche quand j'aurais 30 ans (giga lol) et que je n'avais pas prévu que mes beaux-parents ne me parleraient pas. Bref. La Mustang, concrètement, j'ai pas pu. Deuxième idée, un baptême d'ULM. Et pis en fait, j'ai découvert que les ULM étaient discriminants envers les gros judoka-rugbyman et que c'était faisable ni pour Pruneau ni pour moi. Raté. 

Alors j'ai pris une WonderBox "week-end insolite" et j'ai cherché un lieu sympa, pas trop loin de chez nous, où on puisse passer un week-en en amoureux (il est d'ailleurs à noter que Pruneau m'a demandé si on emmenait Brugnon lors de notre week-end en amoureux) (giga lol). 

Et là j'ai trouvé une super idée. Une yourte !!! Mon Pruneau qui a toujours voulu aller dans les steppes Mongoles, autant faire venir les steppes Mongoles à lui !!! 

Et puis une fois que j'ai eu tout bien réservé, ma mère a fait une réflexion tout à fait intéressante : 

"en yourte ? un 19 décembre ?"

Ah ouais. Pas faux. 

C'est là que j'ai réalisé. 

Moi. En yourte. 

Moi qui déteste faire du camping. 

Moi qui préfère frôler l'occlusion intestinale que de faire popo ailleurs que chez moi. 

Moi qui meurt de froid quand il fait moins de 25 dégrés à la maison. 

MOI. EN. YOURTE. 

Faut-il que je l'aime cet homme.

Et en plus il m'a fait promettre qu'on n'irait voir aucune de mes copines pendant le we. Traumatisé des rencontres entre blogueuses. Même pas juste. 

Nous voilà donc devant la yourte, près de la mer, juste avant Cancale (oui, je l'ai prise en Bretagne, la yourte, faut pas déconner, non plus).

Et là, en fait il était mort de rire. Déjà parce qu'il était content. Ensuite parce qu'il se foutait copieusement de ma gueule devant le bloc sanitaire au fond du camp, l'aspect rudimentaire de la yourte, le lit à faire soi-même et la couette humide.

Moque toi, moque toi, en attendant j'avais prévu le coup, pyjama long en moumoute rose, bien tue l'amour mais surtout bien CHAUD.

Na !

Je te passe la journée en amoureux, le monstrueux plateau de fruits de mer qu'on s'est enfilé, les balades sur la plage, l'impression de rajeunir de 10 ans, le shopping à St Malo...

De retour à la yourte, notre hôte avait préparé un panier repas pour le soir : Coquilles st Jacques à la Bretonne, pâté de canard, pain frais, beurre salé, crêpes (confiture et caramel beurre salé) et far breton.

On allume le petit chauffage au fioul et j'enfile ma tenue de cosmonaute en priant pour ne pas avoir froid. Et là, vers 22h30, j'ai une envie de pipi. Après avoir étudié toutes les alternatives - comme faire pipi dans une bassine ou dans les buissons derrière la yourte - mon âme de bourgeoise a déclaré que non, décidément, c'était pas possible. Et j'ai traversé le camp armée de la lumière de mon iphone (bénit soit-il) et de mon pull en moumoute rose.

Finalement, je reviens entière, et je découvre un truc fabuleux. Il fait CHAUD dans la yourte. HYPER chaud même. Et pourtant le chauffage a été baissé à 16 degrés. Le mec avait raison, le poil de yack, ça sent la chèvre (ou le yack), mais ça isole.

Et au final, tu veux savoir ? J'ai passé la meilleure nuit depuis au moins 3 ans (depuis que je suis maman, en fait), sans réveil, sans avoir froid, sans enfant qui hurle, sans bruit extérieur... le kiffe absolu. Et le lendemain matin, il faisait toujours chaud dans la yourte. On a pris un super petit déjeuner (dans le panier il y avait du café, du lait, du jus d'orange, du pain, du beurre salé et du far breton) et on a eu vraiment du mal à partir.

Bon par contre, j'ai pas pris de douche. Faut pas exagérer quand même.

Voilà, donc j'avais des préjugés, mais en vrai, la yourte, c'est super.

Vas en yourte ! (mais baisse bien la tête quand tu rentre, parce que c'est bas et que ça fait mal) (je dis ça, je dis rien)

Pour info, notre super camping c'était là 












mardi 8 décembre 2015

Le mauvais gène

"Tu sais, il ne mâche pas bien".

Une toute petite phrase, bénigne, glissée comme ça, après un repas. Juste pour dire que mon Brugnon, mon glouton, a tendance à avaler tout rond.

"Il ne mâche pas bien"

Le couperet est tombé. Ma mère m'a lancé un regard lourd de sous-entendus et j'ai tout de suite compris.

On le savait, on s'en doutait, on se posait la question. Depuis ma grossesse, d'ailleurs.

Allait-il avoir mes dents ?

Évidemment, c'est trop tôt pour le dire. On ne peut rien affirmer. Il n'a que 2 ans et demi, il n'aura pas ses molaires avant 6 ans... et tant qu'il n'a pas de dents définitives on peut difficilement juger.

Oui mais voilà.

Il ne mâche pas bien.

Il ne mâche pas bien, comme moi quand j'étais enfant, pour la simple et bonne raison que, quand il n'y a que deux dents sur toute la mâchoire qui se touchent, mâcher est très compliqué.

Il ne croque pas.

Ou alors, par les molaires, jamais par les incisives. Comme moi quand j'étais enfant. Parce que, lorsque les dents de devant ne se touchent pas, on n'a pas la force nécessaire pour mordre (j'ai donc croqué mon premier sandwich avec les incisives à 20 ans, et la pomme - comme dans la pub oral-B - j'ose toujours pas).

Il ne sourit pas. 

Ou du moins, pas "des dents". Comme moi quand j'étais enfant. Parce que la béance donne toujours aux sourires l'impression d'avoir la bouche ouverte et qu'on ne sait jamais bien, en fin de compte, si c'est vraiment un sourire (d'où les sourires forcés sur les photos depuis 10 ans... j'ai du retard à rattraper). 

Il dort la bouche ouverte.

Comme moi quand j'étais enfant (et encore aujourd'hui d'ailleurs). Parce que ma mâchoire ne reste pas fixe. Parce que garder la bouche fermée nous demande un effort supplémentaire. 

Il a la langue toujours dehors.

Pour prononcer les "s", les "f"... Comme moi quand j'étais enfant. A cause de la béance entre les incisives qui ne fait pas barrage. D'où un léger défaut de prononciation, pas encore très sûr pour Brugnon (vu que tout est à peu près un défaut de prononciation à son âge). 

ça commence à faire beaucoup... 

"il ne mâche pas bien".

Il a suffit d'un rien. Pour que je m'interroge, que je m'inquiète, que je culpabilise. J'ai l'impression d'avoir encore raté quelque chose. D'avoir transmis à mon fils ce flutain de gène de la mâchoire pourrie, quand j'aurais voulu lui transmettre des choses tellement plus sympa.

Et surtout, je ne sais pas à qui en parler. J'ai vu défiler tant de professionnels avant de trouver ceux qui m'ont crus, ceux qui n'ont pas fait preuve d'arrogance, ceux qui ont accepté de se remettre en question pour trouver enfin une solution, ceux qui ont fait passé mes besoins avant leurs convictions. J'ai peur qu'on ne me croit pas. J'ai peur qu'on ne m'écoute pas. 

J'ai peur qu'on soigne mal mon enfant. 

(un comble, pour une nana qui se destine à bosser dans l'hospitalier).

Je l'ai vécu, je sais à quoi m'en tenir. 

Je me battrais pour qu'il souffre moins. Pour qu'on ne tâtonne pas. Pour qu'on ne le culpabilise pas. 

On a un gêne pourri. 

C'est pas notre faute. 




mardi 17 novembre 2015

Pourquoi je ne suis pas devenue terroriste ?

Vendredi, c'était l'anniversaire de ma maman. 

Maman qui - je le rappelle - est arrivée en France il y a plus de 40 ans. Elle ne parlait pas un mot de français et pourtant elle s'y est installée, y a fait naître et élevé ses 3 enfants.

C'était une immigrée. 


Bouh le vilain gros mot.

J'ai un nom et un prénom absolument français (plus que ça, tu meurs) mais on veut toujours me rajouter un "-s" quelque part, comme si ça n'était pas normal. Ou alors ils m'accusent d'avoir fait franciser mon nom. Comme si on était obligé d'avoir un nom étranger quand on a le teint basané.

On me demande toujours si j'ai "des origines".

Comme si j'étais obligée de manger de la morue, d'avoir une mère concierge et un père maçon et de chanter du fado en regardant un match de Benfica une Super Bock à la main.

J'ai appris à ne plus m'en offusquer (ou presque).

Nous on préfère Aznavour, le vin rouge et le rugby. Chacun ses goûts.

Bref. 

Ce week-end, je suis allée voir mes parents. 

Et la première chose que j'ai demandé c'est : 

"Pourquoi maman ?"


Pourquoi ? 

Ils avaient mon âge. Ils étaient nés en France. De parents émigrés. Éduqués par la République Française. 

Comme moi. 


Alors pourquoi ? 

Qu'est-ce qui a fait de moi une française intégrée, fière de son pays et l'aimant farouchement envers et contre tout ? 

Qu'est-ce qui a fait d'eux des Français haineux, prêts à se faire exploser pour tuer un maximum de leurs compatriotes, quand moi je les considères comme mes frères et soeurs, quand moi je pleures, quand moi, je me dis que ça aurait pu être moi ?

Qu'est-ce qui fait que j'ai le mal du pays dès que je pars trop longtemps, tandis que eux ne rêvent que de vivre ailleurs ? 

Qu'est-ce qui a fait de moi un adulte intelligent, doué de conscience, capable de faire la distinction entre le bien et le mal, de faire des choix par conviction ? 

Qu'est-ce qui a fait d'eux des fanatiques religieux, incapables de lire le Coran (visiblement), d'éprouver de la pitié, de la compassion voire simplement un peu de bon sens ?

D'aucuns diront que ce n'est pas la même chose. Que pour moi, c'est l'Europe, et que nous avions la même religion contrairement à ces gens là.

Ce à quoi je répondrais que nous avons la même religion. Que nos textes parlent des mêmes choses, qu'ils transmettent les mêmes valeurs.

Nous sommes nés en région parisienne, à la fin des années 80. Nous avons suivi un cursus scolaire dans des établissements similaires. Nous avons appris la Marseillaise. Nous avons su lire "Liberté, Égalité, Fraternité" sur nos murs. Nous avons assisté à des fêtes du 14 juillet. 

J'en ai tiré une fierté pour mon pays. Un chauvinisme exacerbé qui me fait râler en permanence et bomber le torse quand on me demande d'où je viens. J'en ai tiré l'envie de donner un prénom franco-français à mon fils, l'envie de revendiquer mon appartenance à une région dans laquelle je ne suis pas née mais dont je suis tombée amoureuse, l'envie de vivre ici toute ma vie. 

Eux, n'en ont tiré que de la haine. 

Et, malgré tous mes efforts, malgré tous mes questionnements nocturnes... 

Je n'arrive pas à comprendre pourquoi. 



samedi 14 novembre 2015

Le Cocon

J'ai eu du mal à émerger, ce matin. 

Comme après une gueule de bois. 

J'avais le ventre serré, je pense que j'ai eu du mal à digérer, à réaliser. A réaliser que j'avais des proches, là bas. A réaliser que si pour moi, vendredi soir est signe de repos et de glandouille, pour la plupart des gens normaux - et les parisiens en particulier - le vendredi soir est signe de vie sociale, de sorties, de restaurants.  

J'ai envoyé des sms. Et puis j'ai pris mon fils sous le bras pour passer à mon lieu de stage récupérer des papiers que j'avais oublié la veille. Surtout, ne pas rester à la maison, ne pas regarder les mêmes images, en boucle. 

Sur la route, j'ai reçu des sms. Ils allaient bien. Tous. Ils étaient tous en vie. 

Grâce à Dieu. 

J'ai filé acheter le siège auto de Brugnon. Un siège de grand parce que le 0+/1 devient un peu juste. Un achat qu'on repousse depuis plusieurs mois déjà, par manque de moyens. Mais j'ai senti que c'était le bon moment. Pas financièrement mais moralement. Pour la sécurité de mon fils. 

J'ai cédé sur à peu près tout, aujourd'hui. 

Les repas, les désirs, les envies. 

J'ai dit oui au biberon à 15h. 

J'ai dit oui aux bonbons. 

J'ai dit oui au ballon. 

J'ai lu des tonnes de Tchoupi.

J'ai tout accepté. 

Et j'ai béni le ciel qu'il soit trop petit pour comprendre. 

Béni le ciel qu'il ne voit dans ces images que des "tamion pompiers" et de la "poulisse" "pin pon, pin pon !!!!". 

J'ai béni le ciel qu'il ne comprenne pas. 

Béni le ciel qu'il joue avec ses camions, qu'il soit tout fier de me faire des bisous en ouvrant grand la bouche comme pour m'avaler. 

Béni le ciel de ses sourires malicieux, de ses remarques pertinentes et impertinentes qui détendent toujours l'atmosphère, qui mettent un sourire sur le visage des gens qui le croisent. 

Mon fils est magique. 

Mon fils est une étoile. 

Mon fils est mon cocon. 

Mon fils est une lueur d'espoir. 

Mon fils sera - je l'espère - un être intelligent, ouvert d'esprit, respectueux. 

Une pierre à l'édifice du monde de demain. 

Qui ne sera pas celui d'aujourd'hui. 

Je vais prier pour qu'il ne soit pas celui d'aujourd'hui. 


lundi 9 novembre 2015

No Gender en Action

Je déteste qu'on enferme les gamins dans des cases.

Bleu pour les garçons, rose pour les filles. Camion pour les garçons, poupée pour les filles. 

Je me souviens d'une histoire chez des connaissances qui m'avait profondément choquée, ya de ça au moins 10 ans (bordel, le temps passe vite). On était tous attablés et leur gamin de 4 ou 5 ans tombe par terre et s'écorche le genou. C'est pas très grave, mais il saigne. Et bien sûr, il pleure. Il vient voir sa mère pour être réconforté et celle-ci rigole en disant :

"mais arrête, t'es un garçon, les garçons ça pleure pas ! "

Voilà.

Et bah pardon mais je trouve ça franchement débile.

C'est un enfant, il a mal, il pleure.

Qu'il ait ou non des coucougnettes ça change rien à sa douleur.

Et l'inverse est pareil hein.

Bref.

ça c'était la partie coup de gueule.

Maintenant, on passe à la partie "niouniouniou".

Du coup, no gender oblige, on a toujours élevé Brugnon dans le partage des tâches. En même temps, c'est pas dur, le spécialiste du ménage à la maison, c'est pas moi (ça se saurait).

Donc, depuis son plus jeune âge (en même temps il est pas vieux) Brugnon adore passer le balai, aller chercher la pelle, essuyer les vitres...

Et puis, aujourd'hui, il m'a vu repasser et il m'a demandé s'il pouvait repasser "tout seul". 

Bah non hein, ça m'arrangerait bien, mais c'est chaud le fer. Si tu veux maman te repasse ton torchon. 

Alors je lui ai repassé son torchon. Il est reparti tout fier avec son torchon. Il s'est installé sur le canapé. Il a pris un vieux téléphone portable et il m'a dit "A repasse maman, a repasse !"

Voilà.

ça c'est un homme de demain.

Un vrai.

(Tu peux faire "niouniouniou" maintenant).

(après je dis pas que tous les hommes doivent repasser hein, t'as même le droit de revendiquer le non repassage, tu fais comme tu veux !)



dimanche 1 novembre 2015

Lâcher Prise

Ca fait plusieurs semaines que j'étais en manque d'iode, du coup, ce matin, j'ai demandé à Brugnon s'il voulait aller à la mer. Ce qui est bien (ou pas) avec un 2 ans et demi, c'est qu'il peut approuver mes idées folles, comme aller à la mer un 1er novembre de retour de vacances des parisiens. 
"A mer ? A mer !!!! Zoter des cailloux à la mer !" 

Nous voilà donc à la mer. 
Brugnon court dans le sable et s'approche du bord pour s'adonner à sa passion préférée (le jet de cailloux, donc). Et je commence à stresser. Ses chaussures de cuir n'aimeront pas l'eau de mer et son jean est trop serré pour être remonté. Et puis, on est le premier novembre, quand même. Et ma mère disait encore hier qu'il allait prendre froid et que s'il était toujours malade, c'était de ma faute. Donc je suis là, à surveiller les vagues qui montent et à crier "recule, recule !" à tout bout de champs. 

Et soudain ça arrive, comme ça, d'un coup. 

Je m'auto-saoule. 


Je me saoule à râler, je me saoule à stresser et je me saoule à me focaliser sur des pompes alors qu'on est à la mer, un 1er novembre, et qu'il fait un temps sublissime bordel

Pourtant je suis la première à dire que les vêtements ce sont justement des vêtements et que c'est pas si grave s'ils sont sales, au final (quelqu'un peut éventer ma mère, s'il vous plait ?)

Et perdue dans mes pensées, ce qui devait arriver arriva. De l'eau jusqu'aux chevilles, je me jette sur Brugnon et je me mouille aussi. 

Nous v'la bien avec nos pieds trempés.

Alors je retire tout. Les chaussures, les chaussettes. 

Tant pis pour mes ongles trop longs et mon vernis écaillé. Tant pis pour son jean mouillé, il aura qu'à voyager en couche après tout. (on perd ma mère, on perd ma mère !)

Je lâche prise. 


Je fais comme on m'a appris en cours. Laisser explorer sous un regard bienveillant. Faire ses propres expériences. Sans être derrière son dos sans arrêt. 

Et il a kiffé. 

Il s'est mis à courir dans le sable mouillé, il a regardé la mer lui lécher les pieds, il a jeté des cailloux, des coquillages, des moules, des couteaux. Il a touché le sable mouillé et le sable sec. A chaque fois il se tournait vers moi pour avoir mon soutien. Et puis il s'est fait peur en allant un peu loin et en se faisant prendre aux genoux par une vague (mais il n'est pas tombé hein, maman, il est bien vivant, TOUT VA BIEN). Mais il a appris. Il a appris ce que je m'évertuais à lui répéter, qu'il ne faut pas aller trop près et qu'il faut reculer quand une vague arrive. 

On est restés 2h sur cette plage. 

Je l'ai remis dans la voiture pieds nus et sans pantalon, avec du sable jusqu'aux oreilles. 

Mais je sais qu'il a passé une journée exceptionnelle. 

Et il s'est endormi sereinement en 10 minutes ce soir en me racontant des histoires de mer, de mouettes et de coquillages. 

Alors, franchement, c'est pas grave si les chaussures sont en train de sécher sur le radiateur. 

C'est pas grave s'il y a 3 kilos de sable dans ma voiture et 2 autres dans la baignoire. 

Aujourd'hui je suis la maman la plus formidable du monde. 

(ça va, Maman ?)

Cabourg, avril 2015