jeudi 30 octobre 2014

Les gens pas élevés.

C'est mon habitude. Quand je tombe sur des australopithèques (même si Pruneau dit que les australopithèques étaient sûrement plus intelligents) j'ai coutume de dire "mais ils sont pas mal élevés eux, ils sont pas élevés du tout !"

Je te replante le décor si tu n'as pas suivi mon we Nantais. Petit hôtel tranquille de la banlieue nantaise, un samedi soir d'octobre. Minuit et demi un téléphone sonne dans la chambre 207. Un homme répond. Vite suivi de plusieurs de ses amis qui parlent tellement fort qu'on entend leur conversation. Ils fument dans le couloir, ils chahutent, ils mettent du rap à fond (fort heureusement depuis leur téléphone pourri donc ça limite les dégâts), ils hurlent dans le couloir.... et ce jusqu'à 4h du matin où, épuisés, ils ont du s'endormir, non avant d'avoir soigneusement mis un écriteau "ne pas déranger" à leur porte pour dormir tranquille, EUX. 

Depuis ils sont un grand sujet de conversation avec Pruneau. Parce qu'on se pose des questions. 

Pruneau dit qu'ils ne voyaient même pas où était le mal. Qu'ils sont tellement ignorants des bases du savoir vivre qu'ils ne se rendent même pas compte qu'ils gênent des gens. Ou juste qu'ils s'en foutent. 

De mon côté je pense qu'au contraire ils savent très bien qu'ils gênent. Et qu'ils n'attendent qu'une chose, c'est que quelqu'un réagisse, tente de leur rentrer dans le lard, pour qu'ils puissent se retourner contre lui à 5 contre 1 minimum et que c'est parce qu'ils n'ont pas trouvé de spectateur qu'ils ont fini par s'arrêter comme ça, d'un coup. Comme un gamin qui hurle pour qu'on s'intéresse à lui. 

Quoi qu'il en soit, nous sommes d'accord sur une chose:  ils ne sont pas élevés. Ils ont une vingtaine d'années, ils sont adultes, ils conduisent des voitures, ils ont des cartes de crédit, ils votent... mais cette nuit là, j'aurais pu leur dire : 

"chuuuuuuuuuut ne crie pas, il y a des gens qui dorment"
"douuuuuuuuuucement avec la porte, tu fais du bruit"
"non, on ne tape pas sur le mur..."

aaaah mais attend ça me dit quelque chose... ah ouais, c'est ce que je répète à mon fils de 16 mois toute la journée en fait... sauf que le miens, il a 16 mois quoi. C'est un bébé. Et chaque jour je m'évertue à poser les bases de son éducation. Des bases qui feront de lui un enfant bien élevé, j'espère. Des bases qui lui donneront les codes de la vie en communauté, lui permettant de s'intégrer dans un milieu social, de trouver un travail, d'évoluer parmi les autres de façon aussi pacifique que possible. 

Des bases qui lui apprendront à dissocier le bien du mal. A évaluer le danger. A réaliser que non, une voie piétonne ce n'est pas fait pour rouler à scooter à fond, surtout quand on y croise des mamans avec des enfants en bas âge. Qu'un accident est vite arrivé. Et qu'il y a une belle route départementale juste à côté qui est faite pour les scooters, elle.

Mais pour ces gens là, il est trop tard.


Ils n'auront jamais les codes. Ils ne changeront jamais. Ils auront toujours l'impression d'être des victimes, d'être mis à l'écart, d'être agressés... Tout simplement parce qu'ils ne savent pas ce qu'on attend d'eux et qu'ils ne veulent pas l'entendre. 

Je pense souvent à leur mère. Je me dis qu'à leur place, j'aurais honte de mon fils. Honte de l'image qu'il donne de sa famille et de l'éducation que j'ai pu leur donner. Mais ont-elle vraiment ce cheminement ? 

Le lendemain matin, j'ai demandé à Pruneau de bien ranger la chambre. J'ai mis plus de soin que d'habitude à ne rien laisser traîner. Parce que ma mère a été femme de ménage. C'est ce qui m'a nourrit. Je sais que toutes les femmes de ménage pourraient être ma mère, je respecte leur travail, et j'ai de la peine en imaginant l'état dans lequel les cro-magnons d'à côté ont du laisser leur chambre. 

En parlant avec la réceptionniste elle a dit "ah ouais, mais vous voyez les noms hein, ça m'étonne pas !". Parce que c'était des noms à consonance arabe. J'ai beaucoup d'amis musulmans. Des gens bien élevés et gentils pour lesquels j'ai beaucoup de respect. Et ça me fait mal qu'on les mette dans le même panier que ces gens là. Parce que ça n'est pas parce qu'ils sont arabes qu'ils sont ce qu'ils sont. 

C'est juste parce qu'ils ne sont pas élevés. 

Et ça me fait peur. Peur pour l'avenir. Peur du monde dans lequel mon fils va évoluer. Peur de la direction que va prendre une société remplie d'individus anarchistes qui ne suivent que leurs propres envies, sans s'inquiéter une seule seconde des conséquences de leurs actes ou des besoins des autres. Une société où tout individu qui s'interposera sera immédiatement écrasé. Une société qu'on pompera jusqu'à la moelle, sans rendre aucune contrepartie. Une société où on s'exprimera avec des bruits d'animaux plutôt qu'avec un langage châtié. Une société où on repoussera toutes formes d'autorité. Une société de gens qui se disent toujours victimes, même pris la main dans le sac au volant avec 2g d'alcool dans le sang. Une société où on piquera les idées des autres dès qu'elles auront un peu de succès. 

Une société d'australopithèques. 


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1 commentaire:

  1. Parfois je me demande si ces personnes n'ont vraiment pas été éduquées ou si elles se sont construites en "rebellion"et à l'extrême d'une société de plus en plus individualiste et en perte de valeur genre "j'emme*de les gens et le monde, je fais ce que je veux, comme je veux quand je veux"...Dans tous les cas, ça m'énerve fortement et au-delà de ça, j'ai vraiment peur pour l'avenir de mon fiston dans ce monde...

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Les commentaires sont modérés alors ne t'inquiète pas s'ils mettent du temps à s'afficher, je suis pas toujours là mais ça finira par arriver et j'y réponds (presque) toujours !